Harlem - le 17 Janvier 1925 tard dans la soirée, Victoria's Jazz Club, 132e rue.
Les investigateurs décident d'aller fouiner dans l'un des trois endroits que Leroy Wallace leur a indiqué, leur choix se porte sur le Victoria's Jazz Club, le seul endroit qu'ils ne connaissent pas, ils montent confiants dans leurs voitures en espérant y trouver des indices ou des suspects à se mettre sous la dent.
Quelques
instants plus tard il entrent dans ce restaurant un peu chic d'Harlem
où se produisent des groupes de jazz en soirée, pour ne pas trop
attirer l'attention ils entrent chacun de leur côté et font un tour
des lieux l'air de rien afin de repérer les parages. O'Connor et
Washburne vont au bar tandis que Homer se mêle à la foule mixte qui
entoure la scène, il repère très vite une porte surveillée par un colosse
noir en costume criard, plus intéressé par les beaux yeux d'une michetonne que par
son boulot. Homer est alors rejoint par O'Connor et celui-ci lui
demande de faire diversion avec le gorille pendant qu'il va tenter de
passer la porte discrètement.
Accoudé
au bar Washburne surveille la salle avec son regard aiguisé d'ex-policier, le club est bien rempli et les sonorités du Black Bottom bat son plein sur la piste à
cette heure de la soirée, parmi la foule il remarque un couple de noirs
souriants, la quarantaine, qui vont de tables en tables en flattant
les convives où en leur offrant une bouteille de champagne ou de vin
– totalement illégal se dit-il un instant – ce sont sans doute le ou les
propriétaires de l'établissement faisant des politesses à leurs
clients, il enregistre leurs visages avant de commander un nouveau
verre tout en se demandant ce que trame Homer. C'est alors qu'il
remarque une étrange silhouette d'un homme noir, engoncée dans un
caban élimé, un colosse aux épaules larges, le visage caché par
une casquette de docker, se frayant un passage tel un fantôme parmi
la clientèle, leurs regards se croisent quelques secondes et Washburne
est frappé par ses yeux, profonds, sombres, inquiétants. La
présence de cet homme au milieu des fêtards est incongru aux yeux
de Washburne et réveille de vieux instincts, les gens semblent
s'écarter inconsciemment sur le passage de l'homme comme s'il était
invisible, tandis qu'il s'approche tranquillement de la sortie,
Washburne entrevoit brièvement les videurs noirs s'incliner comme
par respect envers ce mystérieux docker. Piqué par la curiosité et son instinct Washburne saisit son
chapeau sur le comptoir bien décidé à savoir où va ce
sombre personnage. Dans l'excitation de sa décision il en oubli de
prévenir ses compagnons.
À
l'autre bout du club, O'Connor simule – sans trop de mal il va s'en
dire – l'ivresse et occupe l'attention du gorille de la porte
tandis que Homer en profite pour se glisser derrière la porte
interdite au public ni vu ni connu. Passé la porte et s'éloignant
du tumulte du club, il traverse un petit couloir feutré faiblement
éclairé et aboutit sur une porte close, il y entend de la musique
et des bruits étouffés, comme si quelqu'un se déplaçait dans la
pièce, sans trop réfléchir il frappe soudainement à la porte pour
attirer l'attention de celui qui est dans la pièce. Une voix
nerveuse résonne alors - «j'espère que tu m'apporte mon champagne
espèce de macaque», cette voix grossière dit quelque chose à
Homer mais avant de pouvoir mettre un visage sur cette voix la porte
s'ouvre à la volée, Homer esquisse un petit sourire quand il
découvre de qui il s'agit. Le poing de Homer fuse sur le visage de
Swift – l'homme qui l'avait agressé à la sortie du Cotton Club la veille –
et celui-ci va rouler au sol le nez en sang, alors que Homer se
dirige vers lui, l'homme aux cheveux filasses se relève pour faire
face à cet agresseur inopportun, une brève empoignade s'ensuit où
Homer finit par avoir le dessus sans difficulté et met k.o Swift qui
s'écroule de tout son long assommé.
De
son côté O'Connor surveille toujours les allers et venues près de
la porte, après que le molosse l'ai remis gentiment à sa place
tout en le menaçant de le foutre dehors si il continuait à
l'importuner. C'est alors que le détective, dissimulé derrière une
colonne de style rococo, remarque un garçon de table se diriger vers
la porte avec une bouteille de champagne dans les mains, ni une ni
deux O'Connor se dirige vers lui d'un pas précipité et bouscule le
jeune garçon qui lâche la bouteille de ses mains et qui vient
s'écraser sur le sol à leurs pieds, le bruit et les cris attirent une
nouvelle fois l'attention agacé du molosse qui remarque alors
O'Connor comme la source du problème encore une fois, le détective peut
lire dans le regard du gorille une légère pointe d'énervement et
ne tente rien quand celui-ci et quelques collègues à lui le jettent
sans ménagement vers la sortie.
Homer,
après s'être assuré que son agresseur soit bien hors de combat
fouille la pièce - un bureau en l’occurrence - mais ne trouve rien de
notable, il décide néanmoins
de ne pas en rester là, il réveille sans ménagements Swift afin de l'interroger, une fois réveillé celui-ci semble hermétique à toutes discussions malgré les menaces verbales de Homer, de plus leur petite discussion risque
d'attirer tôt ou tard ses complices ce qui pourrait être
plutôt gênant pour l'investigateur. Alors Homer renvoi dans les
vapes le voyou avec un merveilleux crochet, l'attache avec ses lacets et sa cravate et utilise
l'unique fenêtre du bureau pour sortir en toute discrétion, la
pièce étant au rez-de-chaussé il balance sans ménagement son
fardeau dans la ruelle pour aller le cuisiner ailleurs plus
tranquillement.
Depuis
qu'il s'est fait vider, O'Connor est aux aguets, n'ayant pas de
nouvelles de Washburne, il fait le tour du pâté de maison pour
chercher à rentrer de nouveau dans le club par un autre moyen, c'est
alors qu'il aperçoit Homer s'extirpant d'une fenêtre de derrière
avec le corps inanimé d'un homme. Celui-ci l’apercevant, lui fait
signe de le rejoindre rapidement et lui demande de l'aider à
transporter le corps, quand O'Connor demande de qui il s'agit Homer
dit laconiquement qu'il s'agit d'un suspect à interroger, ils le
traînent jusqu'à la voiture du détective où ils le placent sur le
siège arrière avant de monter à leur tour dans le véhicule. Au moment de
démarrer Homer demande à O'Connor où se trouve Washburne, le
détective suppose qu'il est encore à l'intérieur car il n'a pas pu
le prévenir de sa sortie en grandes pompes, voyant sa voiture encore
stationnée non loin du club Homer se décide à retourner à
l'intérieur du club pour aller le chercher et le ramener, il demande
à O'Connor de surveiller le suspect jusqu'à son retour.
À
l'intérieur du club dans la foule qui s'est densifiée depuis le
début de la soirée, Homer se lance à la recherche de Washburne, il
fait le tour de la grande salle sans parvenir à trouver son ami, par
contre il remarque que son intervention dans les quartiers privés du
club ont attiré l'attention ce qui suscite une certaine nervosité
parmi le personnel, il va devoir se dépêcher et ne pas trop
s'attarder ici, il file au bar et demande au barman s'il n'a pas vu
son ami après lui en avoir fait une description assez précise, ce
dernier lui dit que son ami est partie vers la sortie sans terminer
son bourbon, sans demander son reste et ni même laisser de pourboire.
Homer retourne perplexe à la voiture, il explique au
détective que Washburne est parti du club sans rien dire, Homer
pense qu'il avait ses raisons et fait confiance à son instinct, il
espère retrouver Washburne plus tard à leur hôtel.
Dans la nuit noire...
Washburne
a suivit l'homme mystérieux dans les rues sombres de Harlem sans
être remarqué jusqu'à la Grosse Mabel, un endroit qu'il se
rappelle que O'Connor a déjà approché en suivant lui aussi un
suspect, il va devoir être méfiant et ne pas attirer l'attention
sur lui. Le massif docker entre dans le restaurant sous la
surveillance de Washburne depuis les ombres, de l'autre côté du
trottoir. Quelques instants plus tard, dans le calme relatif de la
froide nuit, un petit groupe arrive devant la petite échoppe – ce
sont trois hommes noirs – l'un d'entre eux - un géant effrayant - entre dans le restaurant
et en ressort aussitôt accompagné du mystérieux docker. Le
docker au regard inquiétant s'entretient avec les trois hommes,
Washburne remarque que celui-ci semble parler plus particulièrement
à l'un d'entre eux – un jeune noir impressionné – puis lui
sourit avant de lui poser la main sur l'épaule, Washburne peut jurer avoir vu l'adolescent frémir de tous ses os à cet instant précis. Puis le petit groupe
repart silencieusement avec l'énigmatique docker à sa tête,
Washburne reprend donc sa filature tout en faisant bien attention de
ne pas être repéré, après avoir de nombreuses fois bifurqués
dans les rues tout en s'enfonçant dans les clapiers glauques de
Harlem, après avoir traversé un terrain vague décharné recouvert
de détritus peuplés par de gros rats, le petit groupe se retrouve
devant la boutique Ju-ju, un endroit que reconnaît aussitôt Washburne. Depuis
une nouvelle cachette, Washburne observe la scène qui se déroule
devant lui, la petite porte de la boutique s'ouvre après que le
docker ai frappé trois fois sur l'huis, il aperçoit brièvement un
vieux noir aux cheveux blancs et au regard torve qui laisse entrer le
petit groupe dans l'obscurité de la boutique avant de refermer
derrière eux.
L'investigateur
attend un bon moment dans le froid avant de décider de s'éclipser,
la nuit est très avancée, il se trouve dans un quartier où il sait
qu'il n'est pas le bienvenu et se refuse à rentrer seul dans la boutique, il décide donc revenir une autre fois accompagné de ses camarades pour éclaircir ce mystère, il rejoins rapidement Lenox Avenue en
faisant bien attention de ne pas être suivit, récupère sa voiture
et retourne à son hôtel pour retrouver les autres.
... Et obscure.
Homer
et O'Connor se rendent à vive allure dans les docks qui font face à
l'Hudson River, ils cherchent un endroit tranquille pour interroger leur
prisonnier toujours inconscient sur la banquette arrière. Une fois
l'endroit discret trouvé, ils le sortent de la voiture et le jette
sans ménagement sur les pavés gelés d'un quai à l'abri des
regards, là dans la lueur des phares de la Ford de O'Connor, il lui
balance un seau d'eau de mer glacé pour lui faire reprendre ses
esprits. Mais là encore Swift ne coopère pas, se moquant
et insultants ses tourmenteurs, puis les menaçant d'une mort atroce en comparaison de leurs vaines intimidations. En fouillant ses
poches, Homer découvre de l'héroïne, il se rappelle alors les
propos du lieutenant Poole au sujet de Swift - «un junkie notoire» - ce
qui lui donne une idée. Après avoir mis la main sur un téléphone,
Homer contacte Leroy Wallace et lui demande un service qu'il ne
pourra pas lui refuser, il lui demande de garder au chaud ce
prisonnier pendant quelques temps, il lui explique que ce dernier est
un sbire, doublé d'un junkie à l'héroïne, qui travaille pour ceux
qui mettent à mal leurs affaires respectives, Homer fait remarquer aussi au gangster la nécessité de faire parler ce salopard s'il veut débusquer ses chefs et n'en sera que bénéfique pour lui
et ses affaires, Homer insiste aussi pour que Wallace le
prévienne lorsque ce salopard sera en manque d'héroïne et sera à
point pour parler, Homer accepte aussi que le gangster le travaille un peu avant son retour. Tous deux tombent d'accord et Wallace fait mettre Swift dans une de ses planques sous bonne garde lorsque les deux investigateurs le lui ramène.
Fausse joie
Les investigateurs se retrouvent éreintés à leur hôtel de Manhattan, tous trois évoquent quelques instants les événements de la nuit avant d'aller se coucher pour un repos bien mérité. Mais le calme n'est que de courte durée, leurs chambres ont étés visitées et la suite de Washburne a été saccagée, du sang macule son lit où trône le cadavre mutilé d'un chien, au dessus du lit ils peuvent lire consterné ce qui est écrit en lettres de sang: "Ceci n'est rien en comparaison de ce qui vous attends !!"
Ils alertent aussitôt les responsables de l'hôtel du saccage, le directeur reste bouche bée devant le spectacle qui s'offre à lui, mais les investigateurs usent de persuasion pour qu'il ne prévienne pas la police et offrent de généreux pourboires aux garçons d'étages présents à cette heure avancée de la nuit. Pendant qu'on leur fait préparer d'autres chambres, Washburne et Homer prennent la décision de quitter les lieux rapidement craignant encore pour leur sécurité et de trouver un autre hôtel moins en vue, O'Connor leur suggère celui où il est descendu dans Downtown. La nuit est bien avancée lorsqu'ils ils arrivent à l'Arlington Hotel sur la 25ème rue, Homer et Washburne prennent chacun une chambre et tout comme O'Connor s'octroient quelques heures de repos.
Arlington Hotel - Downtown Manhattan, 18 janvier 1925 tôt le matin.
Comme à son habitude, c'est Homer qui se lève le premier après seulement ses quatre habituelles heures de sommeil plutôt agités, laissant ses compagnons dormir, il sort de l'hôtel prendre l'air dans le matin naissant où il trouve un diner ouvert à quelques pâtés de celui-ci. Les premières lueurs de l'aube blafardes pointent entre les vieux bâtiments gris de Downtown lorsque Homer pénètre dans l'établissement à l'aspect défraîchit, quelques travailleurs matinaux sont déjà là, la tête enfouit dans un journal ou un café brûlant, seule une serveuse d'âge moyen l'accueille avec un sourire fatigué et lui sert un café pendant qu'il s’assoit à la table miteuse qui fait face à la rue.
Homer reste assis là devant son café fumant, plongé dans ses pensées, il est vraiment fatigué, il contemple son visage aux traits tirés dans la vitrine et semble avoir vieilli de dix ans. La réalité semble suspendue un instant comme si l'espace-temps se limitait à cette portion de vitre face à lui. Quand il aperçoit enfin cette incongrue camionnette dans son champ de vision il est déjà presque trop tard, une demi-douzaine d'hommes cagoulés en surgissent et braquent à quelques mètres dans sa direction des fusils à canon scié dont les gueules noires et béantes semblent le narguer et lui promette l'enfer, sortant en un instant de sa léthargie et puisant dans d'ultimes forces, Homer plonge derrière la banquette alors que la vitrine vole en éclats et que la chevrotine meurtrière hache tout sur son passage dans le restaurant. Plaqué au sol et recouvert de verre brisé, Homer sert les dents sous le déluge de plombs, du coin de l’œil il aperçoit avec horreur que la serveuse et un client n'ont pas eus la même chance que lui et gisent dans une mare de sang. Après un temps qu'il lui parait incroyablement long, et que le silence est retombée, il relève avec prudence la tête et a juste le temps de voir la camionnette prendre la fuite dans un crissement de pneus, il se sent fébrile et ankylosé, des bouts de verre et des fragments de bois glissent sur lui, il semblerait qu'il soit légèrement blessé, mais rien de bien méchant comparé au chaos qui l'entoure, il entend des râles et des cris, des corps meurtris au sol et du sang mêlé à du verre brisé. Son esprit est chamboulé, entre rage et tristesse, il reste là sans bouger alors que les premiers sirènes de police se font entendre dans le lointain.
Après cet épisode malheureux, Homer reprend ses esprits assis sur le marche-pied d'une voiture de police, il aperçoit O'Connor et Washburne qui discutent avec des policiers, puis reviennent vers lui pour l'emmener à leur hôtel en lui expliquant sommairement que tout est arrangé avec le lieutenant Poole mais que malgré tout ils devront rester à sa disposition.
Washburne, qui remarque que son vieil ami est visiblement retourné par ce qu'il lui est encore arrivé, lui somme d'aller s'allonger quelques heures dans sa chambre tandis qu'il demande à O'Connor de veiller sur lui, pendant ce temps il doit aller faire une petite course dans le centre-ville. Lorsque le détective lui demande ce qu'il compte faire, Washburne le regard sombre, lui dit qu'il est temps de prendre des mesures radicales contre leurs agresseurs, il compte aller se fournir en grosse artillerie, sur ce il rappelle à O'Connor de bien garder un œil sur Homer, puis prend congé.
A son retour, chargé de deux fusils à pompes flambants neufs trouvés à l'armurerie du coin, Washburne apprend avec dépit de la bouche d'un O'Connor ennuyé que Homer a trompé sa vigilance pour prendre la poudre d'escampette et partir diable sais où... Washburne reconnait bien là un des traits caractéristiques de son vieux compagnon de route, et bien qu'il ne soit pas le diable, il a bien sa petite idée sur la destination de Homer. Il balance un des fusils à O'Connor et tous deux filent à la voiture de Washburne pour démarrer en trombe direction Harlem, après avoir contacté à la réception de l'hôtel le lieutenant Poole de venir les rejoindre avec des renforts de police.
Ne réveillez pas un investigateur qui dort.
Essoufflé et en sueur malgré le froid mordant, Homer déboule à hauteur de la boutique ju-ju, sa mâchoire est crispée et son cœur bat à la chamade contre l'acier froid de son revolver sous son manteau, il est temps de régler des comptes. Il entre brutalement dans la boutique qui semble vide au premier regard, troublant seulement la quiétude de Silas N'Kwane, le propriétaire des lieux assis derrière son comptoir. D'un pas déterminé Homer traverse la boutique poussiéreuse sous les regards vides de quelques animaux empaillés, là il se plante devant le vieux N'Kawne et lui braque son .45 sous le nez, ce qui a pour effet d'effacer de son visage son sourire stupide. Homer lui explique nerveusement, en le foudroyant d'un regard qui en dit long, qu'il lui laisse que quelques secondes pour lui expliquer ce qu'il sait sur la Langue Sanglante et lui balancer des noms, mais voyant que le vieil homme ne semble pas prendre ses menaces au sérieux, il saute rageusement par dessus le comptoir pour se retrouver à quelques centimètres du vieil homme qui semble étonné et apeuré. En atterrissant sur le plancher, Homer sent comme un bruit creux sous ses pieds, comme si le vieux tapis moisi derrière le comptoir cachait une trappe par exemple, quand Homer voit dans les yeux de K'Wane un tic nerveux, il esquisse un sourire carnassier.
Avant que N'Kwane ouvre la bouche, O'Connor et Washburne font irruption dans la boutique l'arme au poing et rejoignent prestement Homer au comptoir, qui le doigt tétanisé sur la gâchette se détend légèrement avec cette arrivée impromptue, O'Connor et Washburne soufflent de leur côté en voyant qu'ils n'ont rien raté cette fois...
Underworld
Tout en restant l'arme braqué sur la tempe du vieux boutiquier, Homer fait part de sa découverte à ses compagnons en tapotant du pied le sol et somme N'Kwane d'ouvrir la trappe cadenassée dissimulée sous le tapis miteux, le vieil homme s’exécute aussitôt, et avec l'aide des investigateurs tire sur l'anneau pour révéler un passage obscur. Ils découvrent une volée de marches, juste assez large pour laisser passer une personne, ils font passer bien évidemment N'Kwane en premier qui s'empare d'une vieille lampe à pétrole sur son comptoir et qu'il allume fébrilement avec une allumette. A sa suite, les investigateurs descendent les marches branlantes et aboutissent six mètres plus bas dans un couloir aux murs et au sol en pierre qui, après quatre ou cinq mètres, aboutis devant une porte, en progressant ils remarquent que ces murs sont couverts de symboles mystérieux, leur signification leur est inconnue mais ils se doutent que leur sens n'est pas des plus bienveillants, arrivés devant la porte en métal rouillé et sale, une odeur insupportable agresse subitement leurs narines, N'Kwane déverrouille la porte qui s'ouvre dans un grincement lugubre et laisse apparaître ce qu'il semblerait être une salle plongée dans le noir le plus total.
Assaillis par une odeur âcre insupportable, les investigateurs braquent la lampe et leurs armes devant eux et découvrent une salle assez haute et aussi large, les murs de pierres semblent abondamment gravés de symboles occultes, dans les coins sont placés de gros tambours, sans doute utilisés dans un quelconque rituel impie, tandis que deux solides perches émergent du mur à côté de la porte d'entrée, des lanières de cuir pendent au bout de chacune au dessus de ce qu'il semble être un puit obstrué par une massive dalle de pierre circulaire d'environ deux mètres cinquante de diamètre, en face d'eux, à un peu moins d'une dizaine de mètre, se trouve un rideau en toile dissimulant un passage.
Les investigateurs décident d'aller ensemble inspecter ce coin de la pièce en premier et voir ce que cache ce passage, ils traversent alors la salle, toujours armes au poing, évoluant sur un sol de pierre gluant et visqueux ne leur présageant rien d'agréable, des frissons d'angoisse parcourent leur échine tandis qu'ils s'approchent précautionneusement du rideau crasseux.
ils découvrent une petite pièce lugubre et sale d'où émane une odeur insupportable, justifiée par la présence de quatre cadavres en putréfaction affalés dans chacun des coins, après un rapide coup d’œil Homer et Washburne, qui sont entrés tandis que O'Connor est resté sur le seuil - la pièce ne pouvant pas les accueillir tous - ils jettent un rapide coup d’œil aux macchabées. Il y a deux cadavres de noirs - un homme corpulent et une femme - et deux d'hommes blancs non identifiables, écœurés par ce spectacle morbide, les deux investigateurs ne se démontent pas et accèdent à une alcôve où sont entreposés des objets insolites.
Il y a, accrochés au mur une grande cape emplumée aux couleurs chatoyantes, de monstrueuses griffes fixées sur des pièces de tissu assemblées en gants, un grand masque africain hideux repose au sol, à côté sur une étagère grossière sont entreposés d'autres objets enroulés d'une peau de léopard: un sceptre sculpté, un serre-tête de métal gris, un bol de cuivre poli accompagné d'une note manuscrite, et un livre à l'aspect abîmé intitulé en anglais "Sectes secrètes d'Afrique", ouvrage que connaissent bien les investigateurs lorsqu'ils ont interrogés miss Miriam Atwright de l'Université d'Harvard qui leur a dit que cet ouvrage que voulait consulter Élias avait été volé...
The walking dead
Les investigateurs ont tôt fait de mettre la main sur toutes ces preuves et indices, une véritable aubaine, mais au moment de vouloir quitter la pièce avec leur précieux butin, des gémissements et des craquements se font entendre autour d'eux tandis que des yeux blancs et vitreux, qui se reflètent à la lueur de leur lampe à pétrole, se braquent sur eux, l'angoisse les étreints quand les quatre ignobles cadavres s'animent sous leurs yeux !!
C'est aussitôt la panique et les premiers coups de feu éclatent, tandis que les zombis s'extirpent de leur couche fangeuse et fendent l'air de leurs immondes griffes en direction des visages ou des jambes des deux investigateurs pris au dépourvu, Homer et Washburne reculent en faisant tomber la moitié de leur butin au sol, O'Connor suant à grosses gouttes à la vue de ces horreurs hésite à tirer pour ne pas toucher ses compagnons d'infortune mais son doigt le démange vivement.
Les impacts de balle de Washburne et Homer traversent comme dans du beurre les quatre cadavres animés sans grand effet même en visant la tête, les morts s'avancent vers leurs proies avec un regard vide mais d'où transperce néanmoins une hargne pugnace, ces choses ne s'arrêteront que lorsqu'ils seront transformés en charpie c'est sûr, il est temps d'un replis stratégique dans le couloir pour les investigateurs qui battent aussitôt en retraite devant l'inefficacité de leurs tirs.
Malheur! arrivés au niveau de la trappe celle-ci reste close, impossible de l'ouvrir, dans leur excitation de leur découverte suivit de la terrible surprise des cadavres animés et dans la pagaille qui s'en est suivi, ils en ont oubliés de surveiller Silas N'Kwane, qui a profité de la confusion pour se faire la malle, sans oublier de fermer à clé le cadenas derrière lui pour que les investigateurs puissent assister aux premières loges à la colère silencieuse des quatre gardiens zombis.
Désespérés mais déterminés, les investigateurs, blottis dans les escaliers et entourés des ténèbres de la cave, tirent au hasard dans les cadavres qui s'approchent de plus en plus dangereusement d'eux, bientôt ils sentent leur souffle rauque et leurs griffes qui tentent de les agripper pour les broyer et avec leurs dents pourries pour les mordre. Un corps à corps à l'aveugle s'engagent dans le peu d'espace des escaliers, le dos collé à la trappe, les investigateurs défendent chèrement leur peau tant bien que mal, les zombis sont robustes et déterminés, les investigateurs paniquent et ont toutes les peines du monde pour faire reculer ces invincibles morts-vivants. Dans la furieuse bagarre, un des quatre zombies réussit à s'agripper à O'Connor en enfonçant profondément ses griffes dans la chair de son bras gauche, creusant de profonds sillons sanguinolents à travers la manche de sa veste, il se hisse à lui et le mord douloureusement entre le cou et l'épaule, faisant aussitôt jaillir un sang écarlate bouillonnant, O'Connor pousse un cri de douleur. Washburne et Homer viennent au secours de leur ami et arrivent à séparer le détective de la terrible étreinte du zombie qui s'écroule dans les marches avec encore dans sa mâchoire répugnante des lambeaux de chair arrachés.
Soudainement la trappe s'ouvre et les libère de leur piège cauchemardesque, Homer qui est le premier à sortir se retrouve nez à nez avec le lieutenant Poole accompagné d'un peloton de policiers incrédules, tandis que Washburne, avec un O'Connor couvert de sang et inconscient sous le bras, se jette hors d'atteinte des griffes tendues des zombies. A la vue de ces êtres cauchemardesques, sans réfléchir Poole ordonne à ses hommes de tirer, certains d'entre eux s’exécutent tandis que d'autres restent pétrifiés par ce qu'ils voient, le déluge de plomb des fusils à pompe font dégringoler les zombis en contre-bas des escaliers, Homer en profite pour refermer la trappe. Ouf! ils ont échappés au pire...
Le cauchemar ne fait que commencer...
Tandis que O'connor blessé est évacué en brancard par deux policiers blêmes et que les autres policiers témoins de la scène macabre se remettent de leurs vives émotions, Washburne et Homer, en sueur et pris de tremblements nerveux, demandent fébrilement à Poole si ses hommes ont attrapés Silas N'Kwane, devant la réponse négative du lieutenant décontenancé, ils lui expliquent ce qu'ils ont découverts dans le sous-sol et qu'il n'est plus besoin de lui expliquer tout le caractère surnaturel sur cette affaire, il va devoir demander des renforts car les deux investigateurs comptent bien redescendre dans ce trou qu'ils n'ont pas eus le temps de passer au peigne fin, de plus certains indices majeurs pour leur enquête ont étés perdus dans la panique et il faut absolument qu'ils remettent la main dessus. Après avoir fait venir des renforts d'hommes mieux armés et bouclé le quartier sous le regard apeuré des habitants, le lieutenant Poole, avec le prétexte d'une descente chez un des plus gros fournisseur d'alcool illicite de Harlem, s'apprête à accompagner les investigateurs dans la cave de la boutique ju-ju.
Une dizaine de policiers aguerris armés de fusils à pompe suivent ainsi dans la boutique de l'horreur le lieutenant, Washburne et Homer qui soulèvent, décidés et cramponnés à leurs flingues, la lourde trappe et aperçoivent les trois zombies en contre-bas qui lèvent la tête dans leur direction. La petite troupe braquent aussitôt lampes électriques et canons de fusils vers ces suppôts de Satan et à l'ordre de Poole, libèrent le feu purificateur de leurs armes dans un vacarme assourdissant tel la colère divine s'abattant sur le pêcheur. Puis les tirs cessent au bout de quelques minutes sur le deuxième ordre de Poole, et tandis que la fumée se dissipe dans le faisceau des lampes des policiers nerveux, il ne reste plus rien des trois zombis dont le sang et les viscères maculent les murs en pierres de la cave. Le danger écarté, Poole et ses hommes prennent d'assaut le petit couloir lugubre, suivis dans la foulée des deux investigateurs, qui rapidement, dans le balayage de leurs lampes aperçoivent des lambeaux de chair sanguinolents un peu partout collés sur les murs, en passant très vite dans le couloir ils auraient jurés que ces morceaux immondes bougeaient encore...
Les policiers se déploient rapidement dans la large cave aux relents répugnants de pourriture, certains d'entre eux ont des hauts-le-cœur et poussent des jurons de mécontentements, mais le lieutenant Poole leur fait signe de se concentrer et de vérifier chaque recoin tandis qu'en compagnie de Washburne et Homer il se dirige vers la dalle de pierre circulaire.
Après quelques secondes de réflexion, Homer décide de soulever cette lourde dalle, avec l'aide de deux policiers il active l'espèce de treuil rudimentaire qu'il trouve dans un coin de la cave, et dans un crissement métallique sinistre la chaîne et les poulies s'activent pour arracher du sol la dalle de pierre, pendant ce temps Washburne, Poole et le reste des autres policiers se placent autour du puit en braquant leurs fusils vers le trou béant qui se dévoile à eux. Aussitôt un relent infecte assaille leurs sens, révulse leurs narines et font pleurer leurs yeux, cette odeur insupportable fait reculer d'un pas tout le monde tandis que ce trou de l'Enfer apparaît béant comme une bouche avide.
Approcher ce trou suintant ne se fait qu'avec un mouchoir sur la bouche et le nez, Washburne, Homer, Poole et quelques policiers qui ne sont pas allez vomir leur petit déjeuner, risquent un œil timide dans le puis mais n'y aperçoivent que les contours irréguliers du fond à peu près cinq mètres plus bas dans les ténèbres. Puis, en tendant l'oreille, ils entendent comme une espèce de chuchotement lointain, comme un petit ruissellement, ce bruit d'abord infime semble se rapprocher peu à peu prenant de l'ampleur à chaque seconde, ce ruissellement se transforme alors en une sorte de sifflement étrange, ce qui inquiète les investigateurs et les policiers qui braquent à nouveau de leurs armes vers le fond du puit d'où provient ce bruit inquiétant, puis le sifflement s'amplifie et devient une stridulation horrible qui leur glace le sang, dans le groupe de policiers on sent déjà de l'agitation, certains se regardent inquiets tandis que d'autres, suant à grosse gouttes, s'agrippent à leurs fusils comme s'il s'agissait d'une bouée de sauvetage alors que la stridulation malsaine était une vague scélérate qui cherchait à les briser. Le bruit devient alors terrifiant, un policier lâche son fusil pour se mettre les mains sur les oreilles tout en reculant, un autre les yeux roulant dans leurs orbites se met à hurler, des cris jaillissent dans les rangs, la tension est palpable, les investigateurs étaient sûr de devenir fou avec ce crissement de tous les diables.
Dans le fond du puit quelque chose sembla bouger et ramper depuis un renfoncement invisible pour les investigateurs depuis leur position, une forme oblongue et vermiforme qui se dégagea d'un trou, la stridulation fracassante venait de cette chose qui maintenant ondulait et se tortillait comme un immense serpent de plus de deux mètres de long et un mètre de diamètre. Quand des torches électriques se braquèrent sur cette forme suintante au fond du puit ce fut la panique à la vue de cette horreur. Sous les regards terrifiés de tous, cette "chose-ver" à l'aspect des plus abjectes était une masse musculeuse violacés et blanche sur laquelle apparaissent des dizaines de visages plus ou moins humains, glapissant à travers une sorte gelée translucide qui recouvrait la "chose-ver", les stridulation horribles à faire saigner les oreilles provenaient de ces multiples bouches semblant exprimer une peine indicible.
Un coup de feu retentit alors et toucha la créature qui se contorsionna sous l'impact, puis un deuxième retentit, puis un troisième et ainsi de suite, les investigateurs, Poole et les quelques policiers qui n'avaient pas fuis en hurlant, se mirent à vider leurs armes sur cette chose répugnante dans un accès de peur et de rage, les bruits des détonations ébranlèrent les voûtes de la cave mais ne semblaient nullement affecter la créature qui gigotait en hurlant de plus belle, après deux ou trois salves et voyant que cela n'avait aucun effet, les investigateurs et les policiers cessèrent leurs tirs et se replièrent après avoir refermé le puit, soulagés de quitter cet endroit effroyable.
De nouveau à l'extérieur, ils profitèrent un instant pour respirer à nouveau l'air frais, puis ils se regardèrent tous inquiets, autour d'eux c'était une sorte de débâcle, un policier sanglotait assis à même le sol, un autres fixait devant lui en marmonnant dans sa barbe, d'autres encore semblaient éprouvés par ce qu'ils avaient vus et ignoraient les interrogations des autres policiers qui étaient restés à l'extérieur, pour Homer et Washburne ils avaient comme une impression de "déjà-vu", ils voyaient autour d'eux à nouveau ces mêmes visages terrifiés et blêmes qu'ils avaient côtoyés dans les tranchées durant la Grande Guerre, mais ce qu'il avaient vus était sans doute pire.
Poole prit la décision, avec l'accord de Washburne et de Homer, de détruire par le feu ce qui se trouvait dans ce puit d'horreur. Le lieutenant accompagna alors ses hommes dans le trou, équipés cette fois de masque à gaz et de bidons d'essence avec pour mission de tout brûler, cela prit bien trois heure avant que cela en finisse et une épaisse fumée noire s'éleva dans le ciel gris de Harlem. Washburne et Homer ébranlés par ce qu'ils avaient vécus quittèrent les lieux sans un mot, ils leur restait une dernière chose à faire avant de penser à se reposer, ils devaient retourner très vite voir leur prisonnier Swift et lui faire cracher le morceau par quelques moyens que ce soit, ils devaient savoir quels secrets ce salopard leur cachait et surtout s'il savait au sujet de la boutique Ju-Ju et de ce qu'on y pratiquait.
Les héros sont fatigués
Après un trajet silencieux, lourds d'images hideuses et entêtantes, Washburne et Homer débarquent à la planque de Wallace les traits tirés et la mine déconfite. Les hommes du gangster accueillent les deux investigateurs, après qu'ils aient déclinés leurs identités ils s'engouffrent dans un vieil entrepôt décrépit sous l’œil vigilant des brutes. Un grand noir à casquette de golf, avec des épaules impressionnantes et armé d'un fusil de chasse qui parait ridiculement minuscule entre ses grosses paluches, ouvre une porte métallique fermé par une lourde chaîne, il la pousse machinalement pour laisser entrer les investigateurs dans une pièce plus petite qui sent la sueur et l'humidité. A l'intérieur se trouve Swift suspendu par les bras à une chaîne rouillé, il se balance mollement, la tête inclinée sur son torse nu couvert de sueur, son visage caché par ses cheveux filasses, et ses pieds raclant le sol de terre battue, il semble inconscient. Un des gros bras s'empare d'un saut d'eau et le balance en plein visage de Swift qui d'un coup se réveille en prenant une grande inspiration angoissée comme un noyé reprenant son souffle alors que sa tête émerge miraculeusement des eaux, aussitôt ses petits yeux porcins rougis par le manque croissant d'héroïne fixent les deux investigateurs qui se tiennent devant lui. Swift se met alors à ricaner en voyant la tête des deux investigateurs comme s'il avait deviné ce qu'il leur était arrivé quelques heures plus tôt, le ricanement devient un rire ponctué d'insultes incompréhensibles, des coups de poings bien placés de la part de Homer coupe net ses éclats de rire qui se muent en lamentations pitoyables, puis Swift relève sa misérable tête comme si quelque chose se passait soudainement, son corps se met alors à trembler comme saisi de spasmes, ses bras s'agitent frénétiquement tandis qu'un son rauque sort de sa bouche sanguinolente. Interdits les investigateurs s'écartent par réflexe du corps arc-bouté de Swift qui hurle comme un dément "Mukunga! Mukunga je suis prêt!! Viens à moi et béni moi!!", puis un craquement sinistre se fait entendre et le corps de Swift se relâche, ses bras pendant mollement aux chaînes comme un pantin désarticulé.
Arlington Hotel - Downtown Manhattan, 18 janvier 1925 tôt le matin.
Comme à son habitude, c'est Homer qui se lève le premier après seulement ses quatre habituelles heures de sommeil plutôt agités, laissant ses compagnons dormir, il sort de l'hôtel prendre l'air dans le matin naissant où il trouve un diner ouvert à quelques pâtés de celui-ci. Les premières lueurs de l'aube blafardes pointent entre les vieux bâtiments gris de Downtown lorsque Homer pénètre dans l'établissement à l'aspect défraîchit, quelques travailleurs matinaux sont déjà là, la tête enfouit dans un journal ou un café brûlant, seule une serveuse d'âge moyen l'accueille avec un sourire fatigué et lui sert un café pendant qu'il s’assoit à la table miteuse qui fait face à la rue.
Homer reste assis là devant son café fumant, plongé dans ses pensées, il est vraiment fatigué, il contemple son visage aux traits tirés dans la vitrine et semble avoir vieilli de dix ans. La réalité semble suspendue un instant comme si l'espace-temps se limitait à cette portion de vitre face à lui. Quand il aperçoit enfin cette incongrue camionnette dans son champ de vision il est déjà presque trop tard, une demi-douzaine d'hommes cagoulés en surgissent et braquent à quelques mètres dans sa direction des fusils à canon scié dont les gueules noires et béantes semblent le narguer et lui promette l'enfer, sortant en un instant de sa léthargie et puisant dans d'ultimes forces, Homer plonge derrière la banquette alors que la vitrine vole en éclats et que la chevrotine meurtrière hache tout sur son passage dans le restaurant. Plaqué au sol et recouvert de verre brisé, Homer sert les dents sous le déluge de plombs, du coin de l’œil il aperçoit avec horreur que la serveuse et un client n'ont pas eus la même chance que lui et gisent dans une mare de sang. Après un temps qu'il lui parait incroyablement long, et que le silence est retombée, il relève avec prudence la tête et a juste le temps de voir la camionnette prendre la fuite dans un crissement de pneus, il se sent fébrile et ankylosé, des bouts de verre et des fragments de bois glissent sur lui, il semblerait qu'il soit légèrement blessé, mais rien de bien méchant comparé au chaos qui l'entoure, il entend des râles et des cris, des corps meurtris au sol et du sang mêlé à du verre brisé. Son esprit est chamboulé, entre rage et tristesse, il reste là sans bouger alors que les premiers sirènes de police se font entendre dans le lointain.
Après cet épisode malheureux, Homer reprend ses esprits assis sur le marche-pied d'une voiture de police, il aperçoit O'Connor et Washburne qui discutent avec des policiers, puis reviennent vers lui pour l'emmener à leur hôtel en lui expliquant sommairement que tout est arrangé avec le lieutenant Poole mais que malgré tout ils devront rester à sa disposition.
Washburne, qui remarque que son vieil ami est visiblement retourné par ce qu'il lui est encore arrivé, lui somme d'aller s'allonger quelques heures dans sa chambre tandis qu'il demande à O'Connor de veiller sur lui, pendant ce temps il doit aller faire une petite course dans le centre-ville. Lorsque le détective lui demande ce qu'il compte faire, Washburne le regard sombre, lui dit qu'il est temps de prendre des mesures radicales contre leurs agresseurs, il compte aller se fournir en grosse artillerie, sur ce il rappelle à O'Connor de bien garder un œil sur Homer, puis prend congé.
A son retour, chargé de deux fusils à pompes flambants neufs trouvés à l'armurerie du coin, Washburne apprend avec dépit de la bouche d'un O'Connor ennuyé que Homer a trompé sa vigilance pour prendre la poudre d'escampette et partir diable sais où... Washburne reconnait bien là un des traits caractéristiques de son vieux compagnon de route, et bien qu'il ne soit pas le diable, il a bien sa petite idée sur la destination de Homer. Il balance un des fusils à O'Connor et tous deux filent à la voiture de Washburne pour démarrer en trombe direction Harlem, après avoir contacté à la réception de l'hôtel le lieutenant Poole de venir les rejoindre avec des renforts de police.
Ne réveillez pas un investigateur qui dort.
Essoufflé et en sueur malgré le froid mordant, Homer déboule à hauteur de la boutique ju-ju, sa mâchoire est crispée et son cœur bat à la chamade contre l'acier froid de son revolver sous son manteau, il est temps de régler des comptes. Il entre brutalement dans la boutique qui semble vide au premier regard, troublant seulement la quiétude de Silas N'Kwane, le propriétaire des lieux assis derrière son comptoir. D'un pas déterminé Homer traverse la boutique poussiéreuse sous les regards vides de quelques animaux empaillés, là il se plante devant le vieux N'Kawne et lui braque son .45 sous le nez, ce qui a pour effet d'effacer de son visage son sourire stupide. Homer lui explique nerveusement, en le foudroyant d'un regard qui en dit long, qu'il lui laisse que quelques secondes pour lui expliquer ce qu'il sait sur la Langue Sanglante et lui balancer des noms, mais voyant que le vieil homme ne semble pas prendre ses menaces au sérieux, il saute rageusement par dessus le comptoir pour se retrouver à quelques centimètres du vieil homme qui semble étonné et apeuré. En atterrissant sur le plancher, Homer sent comme un bruit creux sous ses pieds, comme si le vieux tapis moisi derrière le comptoir cachait une trappe par exemple, quand Homer voit dans les yeux de K'Wane un tic nerveux, il esquisse un sourire carnassier.
Avant que N'Kwane ouvre la bouche, O'Connor et Washburne font irruption dans la boutique l'arme au poing et rejoignent prestement Homer au comptoir, qui le doigt tétanisé sur la gâchette se détend légèrement avec cette arrivée impromptue, O'Connor et Washburne soufflent de leur côté en voyant qu'ils n'ont rien raté cette fois...
Underworld
Tout en restant l'arme braqué sur la tempe du vieux boutiquier, Homer fait part de sa découverte à ses compagnons en tapotant du pied le sol et somme N'Kwane d'ouvrir la trappe cadenassée dissimulée sous le tapis miteux, le vieil homme s’exécute aussitôt, et avec l'aide des investigateurs tire sur l'anneau pour révéler un passage obscur. Ils découvrent une volée de marches, juste assez large pour laisser passer une personne, ils font passer bien évidemment N'Kwane en premier qui s'empare d'une vieille lampe à pétrole sur son comptoir et qu'il allume fébrilement avec une allumette. A sa suite, les investigateurs descendent les marches branlantes et aboutissent six mètres plus bas dans un couloir aux murs et au sol en pierre qui, après quatre ou cinq mètres, aboutis devant une porte, en progressant ils remarquent que ces murs sont couverts de symboles mystérieux, leur signification leur est inconnue mais ils se doutent que leur sens n'est pas des plus bienveillants, arrivés devant la porte en métal rouillé et sale, une odeur insupportable agresse subitement leurs narines, N'Kwane déverrouille la porte qui s'ouvre dans un grincement lugubre et laisse apparaître ce qu'il semblerait être une salle plongée dans le noir le plus total.
Assaillis par une odeur âcre insupportable, les investigateurs braquent la lampe et leurs armes devant eux et découvrent une salle assez haute et aussi large, les murs de pierres semblent abondamment gravés de symboles occultes, dans les coins sont placés de gros tambours, sans doute utilisés dans un quelconque rituel impie, tandis que deux solides perches émergent du mur à côté de la porte d'entrée, des lanières de cuir pendent au bout de chacune au dessus de ce qu'il semble être un puit obstrué par une massive dalle de pierre circulaire d'environ deux mètres cinquante de diamètre, en face d'eux, à un peu moins d'une dizaine de mètre, se trouve un rideau en toile dissimulant un passage.
Les investigateurs décident d'aller ensemble inspecter ce coin de la pièce en premier et voir ce que cache ce passage, ils traversent alors la salle, toujours armes au poing, évoluant sur un sol de pierre gluant et visqueux ne leur présageant rien d'agréable, des frissons d'angoisse parcourent leur échine tandis qu'ils s'approchent précautionneusement du rideau crasseux.
ils découvrent une petite pièce lugubre et sale d'où émane une odeur insupportable, justifiée par la présence de quatre cadavres en putréfaction affalés dans chacun des coins, après un rapide coup d’œil Homer et Washburne, qui sont entrés tandis que O'Connor est resté sur le seuil - la pièce ne pouvant pas les accueillir tous - ils jettent un rapide coup d’œil aux macchabées. Il y a deux cadavres de noirs - un homme corpulent et une femme - et deux d'hommes blancs non identifiables, écœurés par ce spectacle morbide, les deux investigateurs ne se démontent pas et accèdent à une alcôve où sont entreposés des objets insolites.
Il y a, accrochés au mur une grande cape emplumée aux couleurs chatoyantes, de monstrueuses griffes fixées sur des pièces de tissu assemblées en gants, un grand masque africain hideux repose au sol, à côté sur une étagère grossière sont entreposés d'autres objets enroulés d'une peau de léopard: un sceptre sculpté, un serre-tête de métal gris, un bol de cuivre poli accompagné d'une note manuscrite, et un livre à l'aspect abîmé intitulé en anglais "Sectes secrètes d'Afrique", ouvrage que connaissent bien les investigateurs lorsqu'ils ont interrogés miss Miriam Atwright de l'Université d'Harvard qui leur a dit que cet ouvrage que voulait consulter Élias avait été volé...
The walking dead
Les investigateurs ont tôt fait de mettre la main sur toutes ces preuves et indices, une véritable aubaine, mais au moment de vouloir quitter la pièce avec leur précieux butin, des gémissements et des craquements se font entendre autour d'eux tandis que des yeux blancs et vitreux, qui se reflètent à la lueur de leur lampe à pétrole, se braquent sur eux, l'angoisse les étreints quand les quatre ignobles cadavres s'animent sous leurs yeux !!
C'est aussitôt la panique et les premiers coups de feu éclatent, tandis que les zombis s'extirpent de leur couche fangeuse et fendent l'air de leurs immondes griffes en direction des visages ou des jambes des deux investigateurs pris au dépourvu, Homer et Washburne reculent en faisant tomber la moitié de leur butin au sol, O'Connor suant à grosses gouttes à la vue de ces horreurs hésite à tirer pour ne pas toucher ses compagnons d'infortune mais son doigt le démange vivement.
Les impacts de balle de Washburne et Homer traversent comme dans du beurre les quatre cadavres animés sans grand effet même en visant la tête, les morts s'avancent vers leurs proies avec un regard vide mais d'où transperce néanmoins une hargne pugnace, ces choses ne s'arrêteront que lorsqu'ils seront transformés en charpie c'est sûr, il est temps d'un replis stratégique dans le couloir pour les investigateurs qui battent aussitôt en retraite devant l'inefficacité de leurs tirs.
Malheur! arrivés au niveau de la trappe celle-ci reste close, impossible de l'ouvrir, dans leur excitation de leur découverte suivit de la terrible surprise des cadavres animés et dans la pagaille qui s'en est suivi, ils en ont oubliés de surveiller Silas N'Kwane, qui a profité de la confusion pour se faire la malle, sans oublier de fermer à clé le cadenas derrière lui pour que les investigateurs puissent assister aux premières loges à la colère silencieuse des quatre gardiens zombis.
Désespérés mais déterminés, les investigateurs, blottis dans les escaliers et entourés des ténèbres de la cave, tirent au hasard dans les cadavres qui s'approchent de plus en plus dangereusement d'eux, bientôt ils sentent leur souffle rauque et leurs griffes qui tentent de les agripper pour les broyer et avec leurs dents pourries pour les mordre. Un corps à corps à l'aveugle s'engagent dans le peu d'espace des escaliers, le dos collé à la trappe, les investigateurs défendent chèrement leur peau tant bien que mal, les zombis sont robustes et déterminés, les investigateurs paniquent et ont toutes les peines du monde pour faire reculer ces invincibles morts-vivants. Dans la furieuse bagarre, un des quatre zombies réussit à s'agripper à O'Connor en enfonçant profondément ses griffes dans la chair de son bras gauche, creusant de profonds sillons sanguinolents à travers la manche de sa veste, il se hisse à lui et le mord douloureusement entre le cou et l'épaule, faisant aussitôt jaillir un sang écarlate bouillonnant, O'Connor pousse un cri de douleur. Washburne et Homer viennent au secours de leur ami et arrivent à séparer le détective de la terrible étreinte du zombie qui s'écroule dans les marches avec encore dans sa mâchoire répugnante des lambeaux de chair arrachés.
Soudainement la trappe s'ouvre et les libère de leur piège cauchemardesque, Homer qui est le premier à sortir se retrouve nez à nez avec le lieutenant Poole accompagné d'un peloton de policiers incrédules, tandis que Washburne, avec un O'Connor couvert de sang et inconscient sous le bras, se jette hors d'atteinte des griffes tendues des zombies. A la vue de ces êtres cauchemardesques, sans réfléchir Poole ordonne à ses hommes de tirer, certains d'entre eux s’exécutent tandis que d'autres restent pétrifiés par ce qu'ils voient, le déluge de plomb des fusils à pompe font dégringoler les zombis en contre-bas des escaliers, Homer en profite pour refermer la trappe. Ouf! ils ont échappés au pire...
Le cauchemar ne fait que commencer...
Tandis que O'connor blessé est évacué en brancard par deux policiers blêmes et que les autres policiers témoins de la scène macabre se remettent de leurs vives émotions, Washburne et Homer, en sueur et pris de tremblements nerveux, demandent fébrilement à Poole si ses hommes ont attrapés Silas N'Kwane, devant la réponse négative du lieutenant décontenancé, ils lui expliquent ce qu'ils ont découverts dans le sous-sol et qu'il n'est plus besoin de lui expliquer tout le caractère surnaturel sur cette affaire, il va devoir demander des renforts car les deux investigateurs comptent bien redescendre dans ce trou qu'ils n'ont pas eus le temps de passer au peigne fin, de plus certains indices majeurs pour leur enquête ont étés perdus dans la panique et il faut absolument qu'ils remettent la main dessus. Après avoir fait venir des renforts d'hommes mieux armés et bouclé le quartier sous le regard apeuré des habitants, le lieutenant Poole, avec le prétexte d'une descente chez un des plus gros fournisseur d'alcool illicite de Harlem, s'apprête à accompagner les investigateurs dans la cave de la boutique ju-ju.
Une dizaine de policiers aguerris armés de fusils à pompe suivent ainsi dans la boutique de l'horreur le lieutenant, Washburne et Homer qui soulèvent, décidés et cramponnés à leurs flingues, la lourde trappe et aperçoivent les trois zombies en contre-bas qui lèvent la tête dans leur direction. La petite troupe braquent aussitôt lampes électriques et canons de fusils vers ces suppôts de Satan et à l'ordre de Poole, libèrent le feu purificateur de leurs armes dans un vacarme assourdissant tel la colère divine s'abattant sur le pêcheur. Puis les tirs cessent au bout de quelques minutes sur le deuxième ordre de Poole, et tandis que la fumée se dissipe dans le faisceau des lampes des policiers nerveux, il ne reste plus rien des trois zombis dont le sang et les viscères maculent les murs en pierres de la cave. Le danger écarté, Poole et ses hommes prennent d'assaut le petit couloir lugubre, suivis dans la foulée des deux investigateurs, qui rapidement, dans le balayage de leurs lampes aperçoivent des lambeaux de chair sanguinolents un peu partout collés sur les murs, en passant très vite dans le couloir ils auraient jurés que ces morceaux immondes bougeaient encore...
Les policiers se déploient rapidement dans la large cave aux relents répugnants de pourriture, certains d'entre eux ont des hauts-le-cœur et poussent des jurons de mécontentements, mais le lieutenant Poole leur fait signe de se concentrer et de vérifier chaque recoin tandis qu'en compagnie de Washburne et Homer il se dirige vers la dalle de pierre circulaire.
Après quelques secondes de réflexion, Homer décide de soulever cette lourde dalle, avec l'aide de deux policiers il active l'espèce de treuil rudimentaire qu'il trouve dans un coin de la cave, et dans un crissement métallique sinistre la chaîne et les poulies s'activent pour arracher du sol la dalle de pierre, pendant ce temps Washburne, Poole et le reste des autres policiers se placent autour du puit en braquant leurs fusils vers le trou béant qui se dévoile à eux. Aussitôt un relent infecte assaille leurs sens, révulse leurs narines et font pleurer leurs yeux, cette odeur insupportable fait reculer d'un pas tout le monde tandis que ce trou de l'Enfer apparaît béant comme une bouche avide.
Approcher ce trou suintant ne se fait qu'avec un mouchoir sur la bouche et le nez, Washburne, Homer, Poole et quelques policiers qui ne sont pas allez vomir leur petit déjeuner, risquent un œil timide dans le puis mais n'y aperçoivent que les contours irréguliers du fond à peu près cinq mètres plus bas dans les ténèbres. Puis, en tendant l'oreille, ils entendent comme une espèce de chuchotement lointain, comme un petit ruissellement, ce bruit d'abord infime semble se rapprocher peu à peu prenant de l'ampleur à chaque seconde, ce ruissellement se transforme alors en une sorte de sifflement étrange, ce qui inquiète les investigateurs et les policiers qui braquent à nouveau de leurs armes vers le fond du puit d'où provient ce bruit inquiétant, puis le sifflement s'amplifie et devient une stridulation horrible qui leur glace le sang, dans le groupe de policiers on sent déjà de l'agitation, certains se regardent inquiets tandis que d'autres, suant à grosse gouttes, s'agrippent à leurs fusils comme s'il s'agissait d'une bouée de sauvetage alors que la stridulation malsaine était une vague scélérate qui cherchait à les briser. Le bruit devient alors terrifiant, un policier lâche son fusil pour se mettre les mains sur les oreilles tout en reculant, un autre les yeux roulant dans leurs orbites se met à hurler, des cris jaillissent dans les rangs, la tension est palpable, les investigateurs étaient sûr de devenir fou avec ce crissement de tous les diables.
Dans le fond du puit quelque chose sembla bouger et ramper depuis un renfoncement invisible pour les investigateurs depuis leur position, une forme oblongue et vermiforme qui se dégagea d'un trou, la stridulation fracassante venait de cette chose qui maintenant ondulait et se tortillait comme un immense serpent de plus de deux mètres de long et un mètre de diamètre. Quand des torches électriques se braquèrent sur cette forme suintante au fond du puit ce fut la panique à la vue de cette horreur. Sous les regards terrifiés de tous, cette "chose-ver" à l'aspect des plus abjectes était une masse musculeuse violacés et blanche sur laquelle apparaissent des dizaines de visages plus ou moins humains, glapissant à travers une sorte gelée translucide qui recouvrait la "chose-ver", les stridulation horribles à faire saigner les oreilles provenaient de ces multiples bouches semblant exprimer une peine indicible.
Un coup de feu retentit alors et toucha la créature qui se contorsionna sous l'impact, puis un deuxième retentit, puis un troisième et ainsi de suite, les investigateurs, Poole et les quelques policiers qui n'avaient pas fuis en hurlant, se mirent à vider leurs armes sur cette chose répugnante dans un accès de peur et de rage, les bruits des détonations ébranlèrent les voûtes de la cave mais ne semblaient nullement affecter la créature qui gigotait en hurlant de plus belle, après deux ou trois salves et voyant que cela n'avait aucun effet, les investigateurs et les policiers cessèrent leurs tirs et se replièrent après avoir refermé le puit, soulagés de quitter cet endroit effroyable.
De nouveau à l'extérieur, ils profitèrent un instant pour respirer à nouveau l'air frais, puis ils se regardèrent tous inquiets, autour d'eux c'était une sorte de débâcle, un policier sanglotait assis à même le sol, un autres fixait devant lui en marmonnant dans sa barbe, d'autres encore semblaient éprouvés par ce qu'ils avaient vus et ignoraient les interrogations des autres policiers qui étaient restés à l'extérieur, pour Homer et Washburne ils avaient comme une impression de "déjà-vu", ils voyaient autour d'eux à nouveau ces mêmes visages terrifiés et blêmes qu'ils avaient côtoyés dans les tranchées durant la Grande Guerre, mais ce qu'il avaient vus était sans doute pire.
Poole prit la décision, avec l'accord de Washburne et de Homer, de détruire par le feu ce qui se trouvait dans ce puit d'horreur. Le lieutenant accompagna alors ses hommes dans le trou, équipés cette fois de masque à gaz et de bidons d'essence avec pour mission de tout brûler, cela prit bien trois heure avant que cela en finisse et une épaisse fumée noire s'éleva dans le ciel gris de Harlem. Washburne et Homer ébranlés par ce qu'ils avaient vécus quittèrent les lieux sans un mot, ils leur restait une dernière chose à faire avant de penser à se reposer, ils devaient retourner très vite voir leur prisonnier Swift et lui faire cracher le morceau par quelques moyens que ce soit, ils devaient savoir quels secrets ce salopard leur cachait et surtout s'il savait au sujet de la boutique Ju-Ju et de ce qu'on y pratiquait.
Les héros sont fatigués
Après un trajet silencieux, lourds d'images hideuses et entêtantes, Washburne et Homer débarquent à la planque de Wallace les traits tirés et la mine déconfite. Les hommes du gangster accueillent les deux investigateurs, après qu'ils aient déclinés leurs identités ils s'engouffrent dans un vieil entrepôt décrépit sous l’œil vigilant des brutes. Un grand noir à casquette de golf, avec des épaules impressionnantes et armé d'un fusil de chasse qui parait ridiculement minuscule entre ses grosses paluches, ouvre une porte métallique fermé par une lourde chaîne, il la pousse machinalement pour laisser entrer les investigateurs dans une pièce plus petite qui sent la sueur et l'humidité. A l'intérieur se trouve Swift suspendu par les bras à une chaîne rouillé, il se balance mollement, la tête inclinée sur son torse nu couvert de sueur, son visage caché par ses cheveux filasses, et ses pieds raclant le sol de terre battue, il semble inconscient. Un des gros bras s'empare d'un saut d'eau et le balance en plein visage de Swift qui d'un coup se réveille en prenant une grande inspiration angoissée comme un noyé reprenant son souffle alors que sa tête émerge miraculeusement des eaux, aussitôt ses petits yeux porcins rougis par le manque croissant d'héroïne fixent les deux investigateurs qui se tiennent devant lui. Swift se met alors à ricaner en voyant la tête des deux investigateurs comme s'il avait deviné ce qu'il leur était arrivé quelques heures plus tôt, le ricanement devient un rire ponctué d'insultes incompréhensibles, des coups de poings bien placés de la part de Homer coupe net ses éclats de rire qui se muent en lamentations pitoyables, puis Swift relève sa misérable tête comme si quelque chose se passait soudainement, son corps se met alors à trembler comme saisi de spasmes, ses bras s'agitent frénétiquement tandis qu'un son rauque sort de sa bouche sanguinolente. Interdits les investigateurs s'écartent par réflexe du corps arc-bouté de Swift qui hurle comme un dément "Mukunga! Mukunga je suis prêt!! Viens à moi et béni moi!!", puis un craquement sinistre se fait entendre et le corps de Swift se relâche, ses bras pendant mollement aux chaînes comme un pantin désarticulé.