Voici en détail l'étonnant journal de Jackson Élias qui retrace ses découvertes au Kenya suivi de son cryptique journal personnel lorsqu'il était à Londres avant son retour fatal à New York.
mardi 17 décembre 2013
samedi 14 décembre 2013
Chapitre New-yorkais - Episode 2
New York - le
16 Janvier 1925 en soirée, Hôtel Manhattan Towers.
Alors
que la nuit est tombé depuis longtemps sur Manhattan, les
investigateurs se sont retrouvés dans un des confortables salons de
leur hôtel, réunis autour d'un café bien chaud, ils discutent
depuis une bonne heure, évoquant leurs inquiétudes, leurs
interrogations et leurs méfiances autour de ce qu'ils appellent
«l'Affaire Élias». Durant leur causerie, Washburne remarque le
manège étrange d'un des serveurs noir de l'hôtel qui semble suivre
de façon intéressé mais discrète leur conversation, il s'empresse
de confier à ses amis l'attitude suspecte de ce serveur. Prudents
les investigateurs mettent un terme à leur petite réunion et
décident de remettre à plus tard cette conversation, à l'abri des
oreilles indiscrètes cette fois. Washburne consulte sa montre en se
demandant s'il n'est pas encore trop tard pour téléphoner à miss
Carlyle afin d'obtenir une entrevue avec elle.
Une visite inopportune.
O'connor n'en reste pas là et décide de prendre en filature le serveur noir dés que celui-ci quittera son service, il laisse Homer et Washburne et va attendre devant l'entrée du personnel à l'extérieur dans le froid mordant, puis quand il voit son suspect sortir enfin, accompagné par deux collègues à lui et se diriger vers le métro, il les suit. Le trio de noirs débouchent enfin à Harlem, O'connor toujours sur leurs talons, ils prennent Lenox Avenue pour la remonter et s'enfoncer au milieu des clapiers noirs. O'connor se fait de plus en plus discret lorsqu'il quitte l'avenue bienveillante pour s'enfoncer dans les ténèbres de plus en plus denses des ruelles crasseuses, le gosier sec et la main sur la crosse rassurante de son S&W, il continue consciencieusement sa filature des trois hommes priant à chaque pas Saint Patrick que tout se passera bien. À un croisement, le trio se sépare, O'connor en profite pour réchauffer son gosier sec d'une brève rasade de whisky, puis reprend sa filature quand son homme repart, tout en faisant bien attention toujours de ne pas se faire remarquer. Le noir s'engouffre dans un immonde clapier terne dans lequel O'Connor n'ose pas le suivre et préfère attendre en se postant non loin de l'entrée, par chance l'homme ressort quelques instants plus tard alors qu'une fine neige se met à tomber, il s'éloigne et traverse quatre blocs, avec O'Connor à sa suite, pour finalement entrer dans une sorte de taverne miteuse où s'entassent derrière une vitrine embuée la clientèle locale, la taverne porte le doux nom de «La Grosse Mabel». O'Connor attend quelques secondes, puis s'approche précautionneusement pour tenter de repérer son suspect parmi la foule, mais la vitrine est légèrement surélevée par rapport à la rue et la buée n'arrange rien à la visibilité, il grimpe alors sur des poubelles pour coller son nez sur la vitrine et tenter de voir quelque chose. Le manège de O'Connor n'est pas des plus discret et très vite il attire l'attention de deux clients qui l'interpellent et s'approchent l'air menaçant, la situation s'envenime très vite pour O'Connor tandis que d'autres noirs patibulaires se rapprochent, agressifs et déterminés, prêts à corriger ce blanc-bec un peu trop curieux. Ils tentent de l'encercler, mais le détective à tout juste le temps de s'enfuir en menaçant de son revolver son comité d'accueil, puis il part sans demander son reste sous les injures des noirs furieux.
O'connor n'en reste pas là et décide de prendre en filature le serveur noir dés que celui-ci quittera son service, il laisse Homer et Washburne et va attendre devant l'entrée du personnel à l'extérieur dans le froid mordant, puis quand il voit son suspect sortir enfin, accompagné par deux collègues à lui et se diriger vers le métro, il les suit. Le trio de noirs débouchent enfin à Harlem, O'connor toujours sur leurs talons, ils prennent Lenox Avenue pour la remonter et s'enfoncer au milieu des clapiers noirs. O'connor se fait de plus en plus discret lorsqu'il quitte l'avenue bienveillante pour s'enfoncer dans les ténèbres de plus en plus denses des ruelles crasseuses, le gosier sec et la main sur la crosse rassurante de son S&W, il continue consciencieusement sa filature des trois hommes priant à chaque pas Saint Patrick que tout se passera bien. À un croisement, le trio se sépare, O'connor en profite pour réchauffer son gosier sec d'une brève rasade de whisky, puis reprend sa filature quand son homme repart, tout en faisant bien attention toujours de ne pas se faire remarquer. Le noir s'engouffre dans un immonde clapier terne dans lequel O'Connor n'ose pas le suivre et préfère attendre en se postant non loin de l'entrée, par chance l'homme ressort quelques instants plus tard alors qu'une fine neige se met à tomber, il s'éloigne et traverse quatre blocs, avec O'Connor à sa suite, pour finalement entrer dans une sorte de taverne miteuse où s'entassent derrière une vitrine embuée la clientèle locale, la taverne porte le doux nom de «La Grosse Mabel». O'Connor attend quelques secondes, puis s'approche précautionneusement pour tenter de repérer son suspect parmi la foule, mais la vitrine est légèrement surélevée par rapport à la rue et la buée n'arrange rien à la visibilité, il grimpe alors sur des poubelles pour coller son nez sur la vitrine et tenter de voir quelque chose. Le manège de O'Connor n'est pas des plus discret et très vite il attire l'attention de deux clients qui l'interpellent et s'approchent l'air menaçant, la situation s'envenime très vite pour O'Connor tandis que d'autres noirs patibulaires se rapprochent, agressifs et déterminés, prêts à corriger ce blanc-bec un peu trop curieux. Ils tentent de l'encercler, mais le détective à tout juste le temps de s'enfuir en menaçant de son revolver son comité d'accueil, puis il part sans demander son reste sous les injures des noirs furieux.
De
leur côté, Washburne et Homer ont décidés de contacter Erica
Carlyle malgré l'heure un peu tardive, ils veulent obtenir plus de
précisions au sujet de son frère et sur l'expédition. Ils passent
le coup de téléphone depuis la réception de l'hôtel et très vite
entrent en relation avec la propriété privée des Carlyle, mais à
l'autre bout du fil c'est un certain monsieur Bradley Grey qui leur
répond, il se présente comme étant le secrétaire particulier de
miss Carlyle et annonce que cette dernière n'est pas disponible.
Washburne tente de négocier un rendez-vous tout de même mais
l'homme reste ferme, miss Erica Carlyle ne veut plus entendre parler
de cette histoire venant de qui que ce soit, néanmoins devant
certains éléments que lui présente Washburne, Grey accepte de le
voir et d'entendre ce qu'il a à lui dire, il lui donne rendez-vous
le lendemain à son hôtel pour l'heure du déjeuner.
Le Bronx - Jour 3, le 17
Janvier 1925, Woodlawn Cemetery. Température extérieure -10°.
C'est
aux aurores que les investigateurs se rendent à l'enterrement de
Jackson Élias, situé dans le Bronx, quelque part dans le district
de Woodlawn. La neige recouvre d'un linceul blafard les nombreuses
tombes, le vent souffle, il fait froid et seulement quelques
silhouettes emmitouflées sont visibles par les investigateurs, il y
a là Jonah Kensington, sa secrétaire en pleurs et quelques autres
collaborateurs de Prospero Press la mine déconfite, le lieutenant
Poole est là aussi, il salut chacun des investigateurs tandis que le
pasteur commence la commémoration.
Après
la cérémonie, après que la petite assemblée se soit séparée
dans le recueillement et que Jonah Kensington ai de nouveau insisté
sur l'aide substantielle qu'il pourrait apporter à l'enquête des
investigateurs, le lieutenant Poole entreprend de les raccompagner
jusqu'à leur voiture Là il les arrête et leur fait part de ce
qu'il a découvert à la réception de l'hôtel Chelsea, un courrier
provenant d'Emmerson Import, de là il a enquêté sur les docks et a
rendu visite au propriétaire, monsieur Arthur Emmerson qui lui a
montré dans ses registres ce qui intéressait Élias, de plus cet
Emmerson affirme que Homer lui a rendu visite et lui a posé les même
questions que le policier. Poole se demande alors comment
l'investigateur avait-il fait pour se retrouver là avant l'officier
de police? Le lieutenant Poole les soupçonne alors qu'ils ne lui
disent pas tout et ne jouent pas franc-jeu avec lui. Les
investigateurs réagissent vivement fasse aux accusations du
lieutenant mais ils ne peuvent apporter de justifications plausibles
de leur silence car ils savent qu'ils lui ont cachés des preuves
trouvées dans la chambre 410, ils promettent alors leur
totale coopération la prochaine fois mais sans réelle conviction,
le lieutenant ne semble pas dupe et leur certifie qu'il sera dans
l'obligation de les faire mettre sous protection par ses hommes, ce
qui sous-entend d'êtres surveillés par la police 24h/24 ce qui ne
plaît pas forcément aux investigateurs. Sur cette dernière mise au
point il prend congé d'eux poliment tout en soutenant le regard de
Washburne, celui-ci sait que le lieutenant Poole ne se laissera pas
faire comme cela aussi facilement.
Notes d'Elwood |
Arrivés
à leur voiture, un homme les aborde jovialement, il se présente
comme étant Ichabod Crane reporter au New-york Pillar Report, l'homme est
emmitouflé dans un large manteau, presque trop grand pour lui, sous
son feutre ils discernent un
regard franc et pétillant, une bouche fine à la moue boudeuse. Le reporter
semble s'intéresser aux méfaits du
«Scariface» et le meurtre mystérieux de Jackson Élias n'a fait
que relancer cette sordide affaire, il est l'auteur des articles de
l'affaire et a écrit celui sur l'assassinat d’Élias. Les
investigateurs se rendent compte que le journaliste en sait un bout
et pourrait sans doute les aider dans leur enquête en mettant en
lumière certains points. Une fois d'accord, Elwood les emmène dans
un dinner's qui se trouve à l'extérieur du cimetière, à quelques
rues de là, et ensuite, devant un bon café, leur parle de l'affaire
du «Scariface», il cite le nom des différentes victimes, leur
parle d'un témoin oculaire, John Espender, présent lors du
cinquième meurtre et souligne les attitudes troublantes des femmes
des quatrième et septième victime, les témoignages de ceux-ci ne
lui ont rien apportés de plus malgré ses remarques. Mais ce qui le
trouble le plus c'est que deux des victimes étaient des hommes de
mains de deux gangsters notoires d'Harlem, Owney Madden et Leroy
Wallace, et que devant ces derniers faits, tout cela lui fait penser
à des règlements de compte entre factions rivales plutôt que
l’œuvre d'un tueur accomplissant un rituel.
En
quittant le journaliste du dinner's, O'Connor remarque un véhicule
stationné – un taxi – dont le chauffeur noir semble les
surveiller. Quand le chauffeur s'aperçoit qu'il est repéré par les
investigateurs, il lance sa Ford T dans une des rues adjacente pour
disparaître, O'Connor a cette fois eut le temps de noter la plaque
d'immatriculation. Il se révélera plus tard qu'il appartienne à
une petite société de taxis situés dans Harlem...
À
l'heure du déjeuner, comme convenu, les investigateurs retournent à
leur hôtel pour rencontrer ce monsieur Bradley Grey. À la réception
on annonce à Washburne qu'il a un message du Professeur Cowles de
l'université Miskatonic qui lui demande de le rappeler, de plus on
lui désigne deux hommes en manteau et chapeau qui les attendent dans
le hall. Ils sont envoyés par Bradley Grey justement, qui les a
chargé de les conduire au building Carlyle, car celui-ci est dans
l'impossibilité de venir jusqu'à eux faute de temps.
Avant
d'accompagner les hommes dans leur voiture rutilante, Washburne
contacte par téléphone le Professeur Cowles qui lui apporte des
précisions sur le symbole que les investigateurs lui ont montrés,
il explique qu'il s'agirait d'un symbole associé à un sombre culte
kényan nommé «le Culte de la Langue Sanglante», dont les racines
remonteraient jusqu'à l'époque de l’Égypte antique d'où ils
furent chassés pour s'établir en Afrique orientale, mais
aujourd'hui, poursuit le professeur, ce culte aurait totalement
disparut.
Le groupe Carlyle, Upper West Side.
À
bord de la somptueuse limousine noire, les investigateurs sont
conduits au Building Carlyle, un gigantesque gratte-ciel en plein
cœur de l'Upper West Side. Une fois à l'intérieur, ils traversent
un immense hall dans le plus pur style «Art Déco» fait de marbre
et de métal, il entrent dans un ascenseur à l'aspect futuriste qui
grimpe comme une fusée jusqu'au sommet vertigineux du bâtiment,
puis les deux hommes qui les ont escortés jusque là, leur ouvrent
une porte lambrissée à doubles battants devant laquelle ils se
postent quand les investigateurs entrent. Ils
se retrouvent dans une large pièce aux lignes et aux angles épurées
– un bureau – donnant sur une immense baie vitrée décorée de
vitraux, laissant apercevoir une vue imprenable sur New-york. Au
milieu de celle-ci, assis derrière un bureau laqué de noir, se
tient un homme en costume à l'aspect soigné, il porte des lunettes
cerclées d'or d'où fixent deux petits yeux ronds inquisiteurs. Au
premier abord Bradley Grey semble être un homme pragmatique, qui
bien qu'il écoute avec intention l'histoire des investigateurs, ne
semble pas adhérer à leur propos, des arguments trop peux
convainquant à son goût pour qu'il les laisse voir miss Carlyle.
Les investigateurs se retrouvent alors face à un véritable mur.
Bradley Grey ne flanche pas, argumentant que toute cette histoire
n'intéresse plus miss Carlyle qui est aujourd'hui à la tête du
groupe depuis la disparition de son frère et qu'elle doit regarder,
dans l'intérêt de la compagnie, vers l'avenir et non plus vers le
passé. Le ton monte très vite entre Grey et les investigateurs,
alors celui-ci finit par les congédier et les faits raccompagner à
la sortie par les hommes de la sécurité. Les investigateurs vont
devoir trouver un autre moyen d'approcher Erica Carlyle s'ils veulent
lui parler.
En
sortant du building, les investigateurs se répartissent les tâches
pour continuer leur enquête, Washburne et O'Connor vont aller
fouiller dans les archives les journaux concernant les meurtres du
«Scariface» ainsi que ceux traitant de l'expédition Carlyle, ils
se rendent donc au New-york Pillar Report où ils sont orientés par Elwood
Scroggis vers les poussiéreuses archives du sous-sol. De son côté
Homer compte aller se renseigner dans Harlem sur la piste des
gangsters et va à la rencontre de certains anciens contacts qui
pourraient l'y aider. En enquêtant à droite et à gauche il finit
par dénicher une adresse, un club dans Harlem, le Cotton Club, l'un
des plus prestigieux cabaret du district où le tout nouveau
propriétaire serait un certain Owney Madden.
A la loupe...
Entre-temps,
O'Connor et Washburne ont exhumés tout un tas d'articles
intéressants au sujet des meurtres du «Scariface» qu'ils pourront
éplucher plus tard, mais aussi sur l'expédition Carlyle, comme les
noms de tous les membres de l'expédition et leurs destinations
durant ce voyage. En faisant ces recherches dans les divers articles,
ils découvrent l'existence d'une femme, désignée comme étant la
meilleur amie d'Erica Carlyle, Victoria Post, qu'ils décident de
rencontrer, peut être sera t-elle plus enclin à leur arranger une
entrevue avec miss Carlyle?
En
réexaminant les articles sur les membres de l'expédition Carlyle et
en consultant certains de leurs contacts et autres sources à
New-york, les investigateurs recueillent tout un tas d'informations
non exhaustif sur certains chacun d'entre eux :
Pour
ce qui est de Roger Vane Worthington Carlyle, c'est une jeune
millionnaire à la vie dissolut qui a défrayé la chronique bien
avant le départ en fanfare de son expédition, entre procès en
paternité, cure de désintoxication à l'alcool et frasques
nocturnes, il est renvoyé de plusieurs universités (dont
Miskatonic) mais obtient tout de même son diplôme. La mort tragique
de ses parents dans un accident de voiture semble un temps lui faire
reprendre ses esprits lorsqu'il doit reprendre les rênes de l'empire
Carlyle, mais il replonge vite dans sa vie dissolue, laissant à sa
sœur Erica le soin de s'occuper des affaires, tandis que lui
dilapide la fortune familiale en fêtes gargantuesques. C'est durant
cette période de débauche qu'il rencontre une femme originaire
d'Afrique Orientale et dont il tombe immédiatement amoureux –
d'autres mauvaises langues prétendant qu'il fut littéralement ensorcelé - une prétendue poétesse
dont le nom de plume est Anastasia Bunay. Des rumeurs de débauche et
pire encore commencent à circuler chez la police et les
journalistes mondains, mais ayant toujours offert l'image d'un homme
franc et sympathique, il devient une sorte de coqueluche des nuits
new-yorkaises. Dans les mois qui précèdent son départ pour
l’Égypte, il montre plus de réserve et de sérieux, cette
maturité apparente ne l'incite pourtant pas à éclairer ses buts de
cette expédition mais les ragots vont bon train...
le
Dr Robert Huston qui avait tout quitté à une époque alors qu'il
vivait à Boston, est allé étudier à Vienne auprès de Sigmund
Freud et Carl Jung et être ainsi l'un des premiers américain à
suivre les préceptes de la nouvelle psychanalyse, études qualifiées
d'ésotériques et de controversés dans la profession. Avec une réputation sulfureuse, ses manières élégantes et son
humour à froid lui ouvrirent bien des portes lorsqu'il s'installe à New-york, et ses nombreux
patients qui appartenaient à la haute société, lui
valurent une certaine célébrité, les femmes le trouvaient
séduisant et distingué, tandis que les hommes le trouvaient
intelligent et perceptif, on murmure que ses tarifs atteignaient les
50 ou 60$ la consultation alors que la plupart des gens peinent à
gagner plus de 300$ par mois. Dernièrement Huston s'occupait de
Roger Carlyle avec qui il semblait très proche, on l'apercevait
parfois en compagnie du jeune play-boy lors de ses nombreuses fêtes,
puis celui-ci l'a suivi dans sa funeste expédition afin, dit-on, de
poursuivre son traitement.
Après
son décès officiel, la totalité des dossiers de Huston ont étés
envoyés au Bureau des Affaires Médicales qui
se trouve sur Park
Avenue dans
la 61e rue. une piste pour les investigateurs qu'ils
vont aussitôt de choisir de suivre afin de mettre la main sur les
notes concernant Roger Carlyle et peut être apprendre quelque chose
de neuf.
Une fois sur place, le
secrétaire du bureau contrôlant l'accès à ces dossiers leur
explique sur un ton autoritaire propre aux bureaucrates ayant un peu de pouvoir, qu'il s'agit de dossiers
confidentiels et que seuls les héritiers de Huston, les
patients concernés ou un médecin poursuivant des recherches
autorisées peuvent y accéder. O'Connor trouve la parade en
présentant son vieux badge de police pour pouvoir accéder au
dossiers, quelques instants après les investigateurs se retrouvent
avec une pile de dossiers qu'ils s'empressent d'éplucher sous les
regards noirs du secrétaire. Ils ne trouvent pas grand choses en
rapport avec leur affaire, néanmoins ils mettent la main sur le
dossier de Roger Carlyle qui contient des notes correspondant à une
vingtaine d'entretiens répartis sur un an et mettent en lumière
l'état d'esprit du jeune homme avant qu'il ne s'embarque pour
Londres et le Caire.
O'connor a la soudaine présence
d'esprit de vérifier s'il trouve un dossier concernant sa sœur Erica, la chance est de son côté car il en trouve un, cela
concerne que quelques consultations anodines pour lesquelles Huston a
obtenu des honoraires scandaleux aux yeux du détective (90$ la
séance!), le psychiatre a noté qu'elle semble préoccupée par ses
rapports avec son frère, mais qu'elle possède une personnalité
remarquablement affirmée. C'est à peu près tout ce que les
investigateurs trouvent.
Anastasia Bunay, si l'on
voit cette mystérieuse et envoûtante beauté noire aux côtés de
Roger Carlyle sur plusieurs photos de journaux mondains de 1918-1919,
on ne sait d'elle que peu de chose au-delà de son nom de plume, sous
lequel elle écrirait des poèmes.
Jack «Brass» Brady
apparaît à la fois comme le garde du corps personnel de Roger
Carlyle mais également son ami le plus proche, si ce n'est le seul
d'aucuns diraient. La paire réputée inséparable, Brady
alterne rôle de garde du corps et de porte parole du play-boy, il sera aussi celui qui se chargera de l'intendance et la supervision de la main-d’œuvre locale durant la funeste expédition de 1919.
Dans les notes de
Jackson Elias les investigateurs ont découverts que celui-ci c'était
entretenu avec un mercenaire qui aurait croisé Brady vivant en 1923
à Hong Kong, soit plusieurs années après son supposé décès.
C'est à partir de ce postulat que le journaliste a échafaudé
l'hypothèse que d'autres membres de l'expédition pourraient êtres
encore vivant eux aussi...
En ce qui concerne Sir
Aubrey Penhew, il s'agit d'un aristocrate anglais qui a servi dans
l'armée de Sa Très Gracieuse Majesté jusqu'au grade de colonel
avant qu'une blessure ne l'écarte du service et qu'il ne se consacre
entièrement à sa vieille passion l’Égyptologie. Diplômé
d'Oxford il a passé les années suivantes parmi les merveilles alors
méconnues du Haut Nil, qu'il cartographie et réalise des fouilles
exploratoires. Sa biographie officielle le décrit comme le fondateur
de plusieurs branches importantes de l’Égyptologie moderne, un
précurseur à qui l'on doit plusieurs découvertes majeures, à
Dhashûr, tout particulièrement.
D'autres part, la
Fondation Penhew, qu'il a créée et qui demeure héritière de sa
fortune, poursuit son œuvre en finançant nombre de recherches
importantes, tant à Londres qu'à l'étranger. Sir Aubrey Penhew
est une figure publique mais d'une grande discrétion quant à sa vie
privée, un homme à la fortune incommensurable qui continue d'être
cité dans son domaine comme une sommité, décrit comme un homme de
prestance et de lettres, tenu en haute estime par ses pairs dont tous
déplorent le décès tragique au cours de l'expédition Carlyle de
1919.
Enfin miss Hypathia
Masters, héritière des sociétés d'armement Masters, elle fait partie du cercle de Roger Carlyle et sont souvent vus ensemble, les
potins de l'époque leur prêtant une liaison tumultueuse mais il
semblerait que les deux jeunes gens n'ont que faire des ragots et ne
les empêchent pas de rester de très bons amis. Universitaire
diplômée en langues, miss Masters a une passion pour la
photographie et plusieurs de ses expositions remportent un vif succès
auprès de la critique et attirent de nombreux visiteurs. Mais ses
aspirations rebelles lui apportent une toute autre réputation qui
ternie un peu son image de jeune artiste en vogue, lorsqu'elle
rencontre un étudiant marxiste catholique du nom de Raul Luis Maria
Pinera, en effet ce dernier fera une très mauvaise publicité à la jeune
femme en étant expulsé pour ses idées trop révolutionnaires. Il
semblerait que cette affaire ai plongée la photographe dans une
dépression qui pourrait expliquer son départ de New-york au
printemps 1919.
Cotton Club, Harlem.
Homer se rend au Cotton Club et entre par la porte de service grâce à son contact su place, un cuisinier qui l'introduit auprès de monsieur Madden, qui se trouve dans la salle de spectacle où il assiste hilare aux répétitions de danse des girls en tenues légères. L'homme à la corpulence d'un boxeur poids lourd avec la tête d'un bulldog gominé, est engoncé dans un costume à rayures prêt à éclater aux coutures, il mâchouille tranquillement un énorme cigare. Après avoir montré patte blanche (sans mauvais jeu de mots) aux gardes du corps puis obtenir une brève entrevue avec un Owney Madden agacé mais impérieux dans son rôle de gangster, Homer apprend du gangster, au sujet du culte de la Langue Sanglante, qu'il s'agit ni plus ni moins d'un gang de nègres qui fait parler de lui depuis plusieurs années et s'est imposé dans Harlem par la terreur et la superstition. Mais Madden ne semble pas être indisposé par ce culte de fanatiques car son territoire est en dehors de leur influence néfaste même si par le passé il y a eut quelques désagréments, par contre il lui apprend que Leroy Wallace – un autre nègre lui souligne t-il en souriant – est encore en guerre avec ce culte de tarés et l'empêchent de faire tourner son petit trafic d'alcool, il possède un bar dans Black Harlem qui s'appelle le «Sugar Cane». Homer se dit alors qu'il devrait peut être aller voir ce Leroy Wallace s'il veut obtenir plus de renseignements.
Homer se rend au Cotton Club et entre par la porte de service grâce à son contact su place, un cuisinier qui l'introduit auprès de monsieur Madden, qui se trouve dans la salle de spectacle où il assiste hilare aux répétitions de danse des girls en tenues légères. L'homme à la corpulence d'un boxeur poids lourd avec la tête d'un bulldog gominé, est engoncé dans un costume à rayures prêt à éclater aux coutures, il mâchouille tranquillement un énorme cigare. Après avoir montré patte blanche (sans mauvais jeu de mots) aux gardes du corps puis obtenir une brève entrevue avec un Owney Madden agacé mais impérieux dans son rôle de gangster, Homer apprend du gangster, au sujet du culte de la Langue Sanglante, qu'il s'agit ni plus ni moins d'un gang de nègres qui fait parler de lui depuis plusieurs années et s'est imposé dans Harlem par la terreur et la superstition. Mais Madden ne semble pas être indisposé par ce culte de fanatiques car son territoire est en dehors de leur influence néfaste même si par le passé il y a eut quelques désagréments, par contre il lui apprend que Leroy Wallace – un autre nègre lui souligne t-il en souriant – est encore en guerre avec ce culte de tarés et l'empêchent de faire tourner son petit trafic d'alcool, il possède un bar dans Black Harlem qui s'appelle le «Sugar Cane». Homer se dit alors qu'il devrait peut être aller voir ce Leroy Wallace s'il veut obtenir plus de renseignements.
Guet-apens !!
Homer
quitte le Cotton Club, perdu dans ses pensées il fait quelques pas
dans la rue luttant contre le froid, mais au moment où il veut
traverser la rue, il est heurté par un homme en chapeau melon qu'il
n'a pas vu et au moment où il relève la tête, l'homme brandit un
couteau tandis que deux autres, surgissant de nulle part, le
saisissent par les bras et le plaque contre une voiture stationnée
là. Homer se débat, tente de se libérer de l'étreinte d'acier des
deux malabars noirs, mais surtout cherche à éviter la dangereuse
lame du blanc au chapeau melon qui lui fait face, mais dans la
bagarre l'acier finalement mord son flanc et une traînée de sang
gicle sur la neige à ses pieds, tandis que l'homme le menace en lui
crachant au visage d'arrêter de jouer aux fouineurs avec ses amis
car la prochaine fois il sera moins clément. Après quelques
derniers coups supplémentaires, les malfrats disparaissent dans la
nature laissant là Homer gisant blessé.
Chelsea, 29e Rue, Galerie d'Art Victoria Post.
Washburne
et O'Connor sont devant la galerie appartenant à Victoria Post,
l'endroit est luxueux avec de grandes colonnades et une vitrine
rehaussée d'angelots d'or souriants, à l'intérieur dans des salons
spacieux se trouvent des peintures et des sculptures – toutes de
magnifiques œuvres – vendus sûrement à prix d'or, que lorgnent
quelques fortunés clients sous les commentaires avisés de
galeristes mondains qui leur servent des coupes de champagne tout en bavassant. Rapidement Washburne et O'Connor sont conduits à l'étage
auprès de Victoria Post qui leur tourne le dose en contemplation
devant une immense peinture, dont les investigateurs seraient bien
incapables de savoir qui en est l'auteur, puis la jeune femme se
retourne après quelques secondes et ils peuvent à leur tour
contempler une merveille. La jeune femme n'est pas très grande,
blonde, coiffée à la garçonne, elle est nimbée d'une robe
diaphane dans le plus pur style «flapper», elle tortille
négligemment, avec ses doigts délicats, un long collier de perles
nacrées, enroulé autour de son cou d'albâtre, elle bat
langoureusement de ses longs sourcils tout en souriant aux deux
hommes éberlués.
Washburne
est sous le charme, tandis que O'Connor, gardant son sang froid, pose
quelques questions sur Erica Carlyle, la jeune femme lui répond avec
désinvolture, elle sait qu'Erica ne souhaite plus parler de
l'histoire de son frère, qui a représenté un grand traumatisme
pour elle, même elle, Victoria, à été bouleversée à l'époque.
Pour elle, Erica s'est mise dans une situation de rejet face à toute
cette histoire, et de vraies nouvelles, même mauvaises permettraient
d'enfin comprendre ce qui c'est passé et pourront êtres que
salutaires. Saisissant cette opportunité au vol, Washburne use de
son charme à son tour auprès de la jeune femme – qui n'y semble
pas insensible – et lui propose qu'elle les aide dans ce sens en
arrangeant un rendez-vous avec miss Carlyle. Victoria sourit tout en
prenant une coupe de champagne, réfléchit quelques instants en se
mordillant la lèvre, tout en scrutant de son regard de biche
Washburne, puis elle annonce qu'elle organise un vernissage d'ici
quelques jours dans sa galerie et qu'Erica sera présente, elle
pourrait leur obtenir des invitations et s'arrangerait pour qu'ils la
rencontre, elle rajoute qu'il s'agira d'une soirée habillée et que
le gratin de New-york sera présent, donc il est évident qu'ils
devront se trouver un smoking. Sur ces paroles elle raccompagne les
investigateurs sans oublier de laisser sa carte à Washburne où elle
y a inscrit son numéro de téléphone personnel.
Retour sur terre...
À
peine arrivés à l’hôtel ils sont prévenus par des policiers
présents que leur ami Julius Homer est à l'hôpital Bellevue, en
compagnie du lieutenant Poole, où il a été interné pour une
blessure suite à une agression dans Harlem. Washburne et O'Connor
filent alors à l'hôpital pour se rendre au chevet d'Homer.
Dans
la chambre, qui se trouve dans l'aile pour personnes de couleur de
l'hôpital Bellevue, après avoir longuement attendus pendant que le
médecin s'occupait des blessures d'Homer, les investigateurs et le
lieutenant Poole se retrouvent enfin autour du lit de l'aventurier.
Le lieutenant Poole exige des explications à Homer, à peine remis
de ses contusions, sur ce qu'il s'est passé. Les investigateurs
expliquent alors au lieutenant que leur enquête sur la mort d’Élias
les ont amenées à enquêter dans les bas-fonds d'Harlem et qu'ils
se sont attirés les foudres d'un gang y sévissant, il semblerait
que le défunt journaliste enquêtait sur les agissements d'un culte
secret africain qui serait présent aussi à New-York, le lieutenant
Poole, perplexe suite à ces révélations, demande aux
investigateurs toute leur collaboration dés à présent, il a fait
venir un dessinateur pour que Homer puisse faire un portrait de son
agresseur tandis qu'un agent restera en faction devant sa porte
durant son séjour à l'hôpital, le médecin lui ayant conseillé de
n'en sortir que le lendemain.
L'homme
que décrit Homer au portraitiste – un homme malingre avec un
visage de fouine aux cheveux blonds filandreux, au teint jaunâtre et
au regard vitreux – rappelle au lieutenant Poole une petite frappe
de l'East Side, un junkie sans moral du nom de «Swift», sans plus
attendre il repart au commissariat explorer cette piste et tient au
courant les investigateurs en leur demandant de se tenir tranquille
en attendant.
Une
fois le lieutenant parti, les investigateurs se remettent à cogiter
et veulent de nouveau passer à l'action sans plus attendre, Homer
suggère, tout en se rhabillant, à ses amis de l'accompagner à
nouveau dans Harlem afin de rendre visite à ce Leroy Wallace et lui
poser quelques questions comme il voulait le faire avant d'être
attaqué, mais cette fois il seront mieux préparés et en nombre si
jamais il se passe à nouveau du grabuge.
Black Harlem - Sugar Cane, en soirée.
Après
avoir quitté l'hôpital en trompant la surveillance de l'agent de
faction, ils s'engouffrent dans la voiture de Washburne et filent à
toute vitesse vers Harlem pour se retrouver quelques instants plus
tard devant le «Sugar Cane» où des badauds hilares les regardent
descendre de leur véhicule avec détermination. Ils entrent comme un
seul homme dans le bar clandestin, sous le regard des clients
surpris, au fond des hommes en bras de chemises, jouant au billard
s'arrêtent de jouer et se tournent vers les investigateurs l'air
menaçant, l'un d'eux s'avance, une armoire à glace aux yeux
exorbités, et demande ce qu'ils veulent. Homer prend aussitôt la
parole et demande à voir son patron, Leroy Wallace, sur le champ,
l'armoire à glace grimace en les scrutant un a un, puis leur demande
de le suivre dans un endroit plus calme et leur indique un rideau
derrière le bar. Une fois passé le rideau, ils se retrouvent dans
une espèce de réserve où s'entassent des tas de caisses en bois,
l'armoire à glace et ses hommes encerclent alors les investigateurs
en prenant une attitude des plus menaçantes, la tension monte
soudainement, les investigateurs s'apprêtent à dégainer leurs
armes tandis que les durs à cuir noirs sortent des matraques,
couteaux et autres armes contondantes pour corriger les intrus. Mais
au moment où la bagarre s'apprête à éclater, une voix rugit du
haut d'un escalier dans la réserve, tous lèvent la tête et
aperçoivent la silhouette en costume qui s'appuie sur la balustrade
au dessus de leurs tête, un noir au visage allongé, le regard dur
jetant des éclairs dans la direction de l'armoire à glace et des
investigateurs, Leroy Wallace.
L'armoire à glace balbutie une
explication à son patron sur la raison de cette rixe avec les
blancs, mais les investigateurs se défendent en annonçant à
Wallace qu'ils aimeraient discuter avec lui au sujet de ce culte qui
sévit dans Harlem, le Culte de la Langue Sanglante qui est aussi
leur ennemi. Quelques instants plus tard les investigateurs sont en
discussion avec le gangster qui a congédié ses hommes de mains, il
leur explique que ce culte impose la terreur parmi la population
kényane de Black Harlem, imposant leurs rites immondes et bien sûr
empêchent les affaires de fonctionner, ce qui au demeurant est le
problème principal de Leroy Wallace actuellement, et il ne serait
pas contre d'en être débarrassé. Mais la chose n'est pas si facile
car le culte se dissimule parmi la population et la police n'est pas
au courant de son existence, mais lui et la police font pas bon
ménage de toutes façons, par contre il connaît certains endroits
où se réunis le culte et les indiquent aux investigateurs, il
s'agit de La Grosse Mabel, la boutique Ju-Ju et le Victoria's Jazz
Club, mais se sont des endroits difficiles à approcher car
surveillés par les fanatiques, même pour lui et ses hommes. En tous
cas Leroy Wallace conseille aux investigateurs que s'ils veulent
trouver ce qu'ils recherchent c'est dans ces endroits et pas
ailleurs.
lundi 14 octobre 2013
Chapitre New-yorkais - Episode 1
New York – Jour 1 : 15 janvier 1925, 20 h - Chelsea
Hotel, température extérieure -13°c.
Il
est plus de 20 heures lorsque Terence Washburne et Julius Homer
arrivent au Chelsea Hotel, le froid est mordant et la neige tombe à
gros flocons ne facilitant pas les déplacements dans la grosse
pomme. Les deux amis sont arrivés quelques jours plus tôt d'Arkham
à la suite d'un télégramme que Washburne a reçu d'une vieille
connaissance qui refaisait surface, Jackson Élias, et qui lui
demandait de le rejoindre à New York au plus vite. La teneur du
télégramme et le coup de téléphone nerveux d’Élias qu'il reçut
par la suite à l'hôtel où il était descendu, et l'enjoignait de
venir à 20h au Chelsea Hotel ne le rassura pas. C'est donc en
compagnie de son fidèle compagnon Homer qu'ils bravent le blizzard
et entrent dans le majestueux hôtel.
Traversant
le vaste hall vide de l'hôtel, ils s'approchent d'un pas décidé jusqu’à la réception où un homme corpulent, vêtu d'un
imperméable à la couleur douteuse et portant un chapeau aux bords
élimés, est en pleine conversation avec le gérant d'hôtel. Homer
reconnaît aussitôt l'homme avec surprise, il s'agit de William
O'Connor, cette vieille baderne d'irlandais, rencontré quelques mois
plus tôt à Arkham où il officiait encore comme agent de police, le
colosse en imperméable, l’œil torve par la boisson, reste
interdit quelques secondes en trouvant Julius Homer devant lui. Après
de brèves salutations, où Washburne et O'Connor échangent quelques
souvenirs de leur passé dans la police de New York, les trois hommes
se rendent compte en discutant qu'ils sont tous là pour la même
personne, Jackson Élias, mais O'connor reste évasif sur ses
motivations, ils semblerait que sa présence soit d'ordre
professionnelle – O'Connor explique qu'il est à la retraite depuis
quelques mois et travaille dans le privé maintenant – il préfère
attendre dans le hall laissant Washburne et Homer se rendre à la
chambre 410, l'ascenseur étant en panne ils sont obligés de gravir
les quatre étages à pieds.
Chambre
410
Arrivés
devant la massive porte en chêne, Washburne frappe contre le
battant, quelques secondes se passe mais aucune réponse, seule les
notes rythmées de «Somebody Stole My Gal» du Original
Memphis Five provenant d'un vieux phonographe perçue par les
deux hommes à travers la porte, Washburne frappe à nouveau de façon
plus insistante mais toujours aucune réponse, Homer tend l'oreille
et semble entendre du mouvement à l'intérieur de la chambre, il
sent aussi un courant d'air froid sous la porte et par ce temps il
est plutôt anormal de laisser une fenêtre ouverte, il en informe
Washburne qui frappe de plus belle mais toujours rien, les deux
hommes décident de redescendre à la réception demander l'aide du
gérant. Une fois en bas ils convainquent celui-ci de les accompagner
afin d'ouvrir la porte avec son passe-partout, O'Connor vautré dans
un fauteuil du hall, se lève tant bien que mal en rebouchant
maladroitement sa flasque de whisky et se joint au groupe qui grimpe
déjà quatre à quatre les marches du grand escalier.
La
porte, une fois ouverte, le gérant s'écarte et laisse entrer
Washburne suivi de près par Homer et aussitôt rejoins par un
O'Connor haletant, ils pénètrent dans le vestibule plongé dans les
ténèbres, seule une source de lumière provenant de la pièce d'à
côté éclaire d'un mince rayon lumineux leur prudente progression.
La musique s'est arrêtée, seul le raclement du diamant sur le
sillon du phonographe est perceptible, Washburne jette un œil par
l’entrebâillement de la porte et perçoit une petite cuisine en
désordre, il pousse la porte grinçante et avant d'avoir fait un pas
de plus, un coup de feu éclate à l'autre bout de la pièce, une
balle siffle à ses oreilles et fait éclater le bois de la porte, on
lui tire dessus! Il recule aussitôt et dégaine son Colt .45, ses réflexes de policier lui reviennent
instantanément, O'Connor l'imite à son tour en brandissant un lourd
revolver .44 S&W, tandis que Homer se plaque contre le mur car il
ne porte pas d'arme sur lui et aperçoit le gérant se carapater en
criant qu'il va prévenir la police. Les deux détectives font des
sommations d'usage mais sans grand succès car ils essuient à
nouveau une volée de plomb, après quelques secondes d'hésitation,
Washburne et O'Connor s'élancent dans la pièce en ouvrant le feu
tout en se couvrant mutuellement mais ils ne trouvent aucun adversaire
devant eux, même au-delà de la petite cuisine, personne,
Homer en profite pour entrer à son tour. Tout en restant sur leurs
gardes, ils scrutent la chambre mal éclairée par un abat-jour
renversé au sol, ils aperçoivent, au milieu d'une chambre mise sans
dessus-dessous, un corps attaché à une chaise apparemment en sale
état, les pensées de Washburne ne font qu'un tour et craint le pire
pour son ami.
Ennemi
Mine
En
entrant dans la chambre, par la fenêtre grande ouverte où le vent
glacial s'engouffre sournoisement, les trois hommes entendent des
grincements précipités dans l'escalier de secours, comme si
quelqu'un le descendait rapidement. Washburne se précipite à la
fenêtre arme au poing mais son élan est stoppé net par une
silhouette massive qui se plante devant lui, de l'autre côté de la
fenêtre, surpris, Washburne n'a le temps que d’apercevoir
brièvement le masque grotesque qu'il porte sur la tête et qui lui
fait penser sur l'instant à un masque à gaz, tandis qu'une
monstrueuse lame recourbée plonge vers son abdomen. Par chance il
est touché superficiellement mais la morsure est douloureuse,
Washburne s'écarte et fait feu à bout portant mais manque
lamentablement l'homme, dans le même instant O'Connor met en joue
l'inconnu masqué mais est dans l'impossibilité de tirer, gêné par
Washburne. Celui-ci réajuste son tir avant que son agresseur
réagisse et tire une deuxième fois et touche mortellement le
colosse masqué qui s’effondre dans l'escalier gelé.
Le
chemin est libre, Washburne et O'Connor, malgré l'obscurité,
remarquent d'autres silhouettes masquées dans la cage d'escalier et
ayant presque atteint la cour intérieure en contre-bas. Rapidement
Washburne s'élance à la poursuite des meurtriers sur les marches
glissantes, O'Connor du haut des marches tente de tirer sur la
première cible qu'il voit mettre le pied dans la cour enneigée mais
sans succès, Homer emboîte alors le pas des deux détectives et
tous trois se lancent dans la périlleuse descente de l'escalier de
secours. Après quelques inoffensives glissades c'est sans trop
d'encombres qu'ils parviennent à leur tour dans la cour tandis que
les agresseurs fuient vers une ruelle sombre, Washburne met en joue
le dernier fuyard encore en vue, fait feu et le touche, celui-ci
s'affale mollement dans la poudreuse.
Premier
arrivé auprès du corps gisant dans la neige, Washburne s'approche
de cet autre homme portant cet hideux masque de cuir sombre d'où
pend une sorte de trompe brune mais celui-ci se relève brusquement
en brandissant son horrible lame courbe, un bref corps-à-corps
s'engage alors entre les deux hommes faisant virevolter de la neige
tout autour d'eux. Homer n'écoutant que son courage se lance à
l'aide de son ami tandis qu'O'Connor s'engouffre dans la ruelle à la
poursuite des autres fuyards. Washburne fait feu sur son adversaire,
qui malgré sa blessure semble encore vaillant, mais l'homme est trop
proche et il le rate, celui-ci en profite pour tenter d'asséner un
coup meurtrier à Washburne avec sa lame, mais Homer intervient et
désarme l'homme qui est surprit d'une douloureuse clé au bras,
avant de se faire basculer violemment sur le sol la tête la
première, suivit d'un sinistre craquement. De son côté O'Connor,
qui a brûlé ses dernières réserves d'énergie, arrive essoufflé
au bout de la ruelle et débouche sur Lennox Avenue où i la juste le
temps de voir une voiture noire démarrer en trombe, emportant les
agresseurs à son bord, ses tirs ne sont pas assez précis pour
arrêter le véhicule, tout juste faire éclater un feu et faire un
trou inoffensif dans la carrosserie, celui-ci disparaît dans la circulation et
la nuit.
La ville qui ne dort jamais
O'Connor
retourne dans l'arrière-cour de l'hôtel pour y retrouver Homer et
Washburne en train de fouiller le cadavre encore chaud de leur
agresseur – ils lui ont enlevé son horrible masque découvrant le
visage d'un noir – dans ses poches crasseuses de sa vareuse
élimée, Washburne en sort un portefeuille en cuir et une enveloppe
chiffonnée. L'adrénaline des trois homme est en train de retomber,
le froid se fait rappeler à son bon souvenir, ils décident alors de
remonter pour tirer tout cela au clair avant l'arrivée inévitable
de la police, Washburne est traversé par une angoisse en gravissant
les marches métalliques qui le ramène dans la chambre de l'horreur,
son ami Jackson Élias est sans aucun doute l'homme attaché sur la
chaise et il craint soudainement le pire. C'est O'Connor qui est le
premier devant le corps meurtri, celui-ci à la tête renversée en
avant, son corps supplicié est ensanglanté, O'Connor relève la
tête du malheureux précautionneusement pour l'identifier, le geste
du détective à pour effet de redresser le buste de la victime,
révélant une plaie béante au niveau du ventre et libérant sur le
coup les viscères et les intestins jusqu’à présent prisonniers
par le poids du corps, qui se répandent dans un flot de sang sur le
plancher. A cette vision d'horreur, Washburne reconnaît Élias, son
visage est couvert d'ecchymoses et de coupures – il semblerait que
l'on se soit acharné sur son visage, mais O'Connor constate que les
blessures sur son front semblent former une sorte de dessin étrange.
Le
choc passé, les trois hommes se lancent dans la fouille de la
chambre mais savent que leur temps est compté, ils découvrent très
vite divers indices qui parsèment la scène de crime. Tout d'abord
ils constatent que les hommes masqués sont entrés par effraction
par la fenêtre guillotine grâce à l'escalier de secours, puis ils
se sont, sans aucun doute, jetés sur leur victime par surprise,
peut-être quand il était dans une des autres pièces, puis l'on
attaché et torturé tandis que d'autres fouillaient la pièce. Dans
les poches du cadavre de l'escalier de secours (qui lui-même est un
noir) ils trouvent une autre lettre – sans enveloppe –
chiffonnée, puis dans la chambre saccagée, ils décèlent sur la
table de nuit près d'un cendrier où se trouve la pipe d’Élias,
une boite d'allumettes de bar «Le Tigre Trébuchant» situé il
semblerait à Shanghai, sur le lit sous les draps emmêlés ils
trouvent un livre intitulé «Une histoire de la Guerre entre Science
et Technologie dans la Chrétienté» à l'intérieur, utilisé comme
marque-page, un prospectus ordinaire annonçant une conférence deux
jours plus tôt et intitulée «Les Cultes des Ténèbres en
Polynésie & dans le sud-ouest du Pacifique» présidé par le
Professeur Anthony Cowles, puis enfin sous la commode à miroir de la
chambre ils trouvent une photo floue, mal définie, elle montre un
grand yacht dans un port étranger, en y regardant de plus près on
discerne les premières lettres du nom du navire «DAM». Homer
confirme après avoir examiné la photo qu'il s'agit du port de
Shanghai. Leurs réflexions sont interrompus par l'irruption de deux
policiers l'arme au poing, les trois investigateurs lèvent
tranquillement leurs mains lorsque les deux policiers font leurs
sommations.
Lieutenant Martin Poole
Lieutenant Martin Poole
Quelques
instants plus tard la pièce grouille de policiers en uniformes,
O'Connor qui commence à perdre patience tente vainement de leur
faire remarquer de ne pas saloper la scène de crime mais les agents
ne semblent pas lui prêter attention. Puis ils sont sommairement
interrogés, Homer à une attention particulière de la part des
policiers et sont des plus insistants avec lui, ce qui laisse de
marbre l'intéressé face aux allusions racistes des policiers
réjouis mais le fait bouillonner intérieurement. Finalement un
enquêteur se présente dans la chambre, il s'agit du lieutenant
Martin Poole, Washburne retrouve des couleurs quand il voit l'homme
et se détend un peu, il connaît ce policier à la démarche
chaloupée et au regard propre du vieux flics qui en a vu, cet homme
a été son mentor dans une autre vie quand il était encore jeune
policier. Néanmoins aux vues des circonstances et la mort de son
ami, Washburne décide de cacher ce qu'ils ont trouvés dans la
chambre pour le moment et prend le risque de mentir à Poole. Le
policier est décontenancé de trouver Washburne sur les lieux d'un
crime et somme de lui expliquer ce qu'il s'est passé et de lui dire
qui sont les deux types qui l'accompagnent, alors ils vident leur
sac, raconte ce qu'il s'est passé en omettant bien sûr certains
détails, comme les indices trouvés dans la chambre, durant
l'entretien Homer reste silencieux et tente de se faire oublier.
Après
avoir entendu leur version des faits et faisant confiance à son
ancien poulain, le lieutenant Poole leur avoue qu'il ne s'agit pas du
premier meurtre de ce genre mais le 9ème! Son enquête n'a pas
beaucoup progressé en deux ans depuis le premier meurtre, il a
écarté la piste des cultes vaudou et s'est plutôt orienté sur la
piste des cultes de la mort africains, grâce aux lumières d'un
certain docteur Mordecai Lemming un anthropologue qui a identifié la
marque sur le front des victimes qu'il associe à des rites
mortuaires d'Afrique de l'est. Le lieutenant Poole n'a obtenu aucune
aide de la communauté africaine de New York, il y avait bien un
témoin mais il n'eut pas de grande utilité, son instinct de vieux
flic lui dit
que ces crimes rituels visent des personnes qui en savent trop et
servent à intimider une population déjà trop superstitieuse car
aucune des victimes n'a de point commun, elles sont autant blanches
que noires et de milieux sociaux différents, ça reste une grande
énigme encore aujourd'hui, la presse en a même fait ses choux gras
en surnommant le tueur à une époque le «Scariface», mais des
événements récents ont permis de découvrir qu'il n'y avait pas un
mais au moins deux tueurs, théorie confirmée par les événements
de la soirée où sont impliqués nos trois témoins.
Alors
que des photographes de la criminelle entrent pour prendre des photos
de la scène de crime, le lieutenant Poole libère pour le moment les
investigateurs, avant qu'ils ne partent il leur demande de rester
discret, voyant leur détermination sur l'affaire, il les autorise à
enquêter de leur côté mais sans oublier de le prévenir s'ils
découvrent la moindre chose, cette méthode n'échappe pas à
Washburne et O'Connor qui y voient une façon subtile du policier de
s'assurer qu'ils ne quitteront pas la ville le temps que la lumière
soit faite sur cette affaire.
À
tête reposée
Ils
quittent l'hôtel Chelsea et se retrouvent à l'extérieur à nouveau
dans le froid cinglant, des badauds se pressent déjà contre le
cordon installé par la police et les premiers journalistes montrent
le bout de leur nez, ils décident alors de s'éloignent de cette
cohue et rejoignent le trottoir d'en face pour récupérer leurs
véhicules. Washburne, avant de monter dans sa voiture, informe Homer
et O'Connor qu'il ne compte pas abandonner aussi facilement la partie
surtout après ce qui est arrivé à son ami, il compte bien faire
payer les coupables, les deux autres acquiescent. Après que tous le
monde ce soit mis d'accord, Washburne évoque l'idée de regarder de
plus près ce qu'ils ont découverts, O'Connor profite de l'occasion
pour leur proposer de se rendre dans un club qu'il connaît bien sur
la 56ème, un endroit où les oreilles indiscrètes ne traînent pas
mais où le whisky coule à flot pour les habitués comme lui.
Bien
au chaud dans la cave enfumée qui sert de club, au son des
tintements des verres, du brouhaha ambiant et du jazz lancinant joué
sur une scène étriquée, Washburne, Homer et O'Connor décortiquent
les indices en savourant un verre de bourbon canadien.
Ils ont déjà en leur possession une boite d'allumette d'un bar de Shanghai, une photo montrant un yacht où l'on voit partiellement le nom sur la coque et un prospectus d'une conférence d'un certain professeur Cowles à New York s'étant déroulé deux jours plus tôt. Washburne sort de la poche de son manteau le portefeuille et ce qu'il semble être deux lettres, dans le portefeuille – dont il s'agit manifestement de celui d’Élias – ils trouvent, en plus de ses papiers et de quelques billets (dollars et livres), deux cartes de visite, l'une à l'impression recherchée où est inscrit «Fondation Penhew, Londres, Directeur Edward Gavigan», la deuxième est une carte de visite professionnelle de qualité ordinaire où est inscrit «Emmerson Import» qui se trouve ici même à New York, au dos est inscrit à la main un nom «Silas N'Kwane». Une des lettres, adressée à Roger Carlyle est signée par une certain Faraz Najir du Caire, l'autre sans enveloppe a été écrite le 7 novembre 1924 par une certaine Miriam Atwright, bibliothécaire à l'université de Harvard, elle est adressée à Élias aux bons soins de son éditeur «Prospero Press», Washburne connaît le directeur de la maison d'édition pour l'avoir rencontré une ou deux fois à des conférences d'Élias auquel il a assisté, c'est un certain Jonah Kensington.
Ils ont déjà en leur possession une boite d'allumette d'un bar de Shanghai, une photo montrant un yacht où l'on voit partiellement le nom sur la coque et un prospectus d'une conférence d'un certain professeur Cowles à New York s'étant déroulé deux jours plus tôt. Washburne sort de la poche de son manteau le portefeuille et ce qu'il semble être deux lettres, dans le portefeuille – dont il s'agit manifestement de celui d’Élias – ils trouvent, en plus de ses papiers et de quelques billets (dollars et livres), deux cartes de visite, l'une à l'impression recherchée où est inscrit «Fondation Penhew, Londres, Directeur Edward Gavigan», la deuxième est une carte de visite professionnelle de qualité ordinaire où est inscrit «Emmerson Import» qui se trouve ici même à New York, au dos est inscrit à la main un nom «Silas N'Kwane». Une des lettres, adressée à Roger Carlyle est signée par une certain Faraz Najir du Caire, l'autre sans enveloppe a été écrite le 7 novembre 1924 par une certaine Miriam Atwright, bibliothécaire à l'université de Harvard, elle est adressée à Élias aux bons soins de son éditeur «Prospero Press», Washburne connaît le directeur de la maison d'édition pour l'avoir rencontré une ou deux fois à des conférences d'Élias auquel il a assisté, c'est un certain Jonah Kensington.
New York – Jour 2, Université Columbia, 16 janvier 1925, 9 h du matin. Température extérieure -5°c.
La
nuit fut courte pour chacun, O'Connor à fait la fermeture du club,
Homer comme à son habitude n'a dormi que ses quatre heures
habituelles et Washburne a eut son compte de cauchemars pour la nuit
auxquels se sont ajoutés ceux atroces de la mise à mort abjecte de
son ami Élias. C'est donc les traits tirés, engoncés dans leur
épais manteaux d'hiver que Washburne et Homer rejoignent un O'Connor
frigorifié battant le pavé sur le perron de l'entrée sculptural du
bâtiment de la faculté d'ethnologie.
Après
avoir traversé un labyrinthe de couloirs et de salles de cours, ils
sont finalement introduits auprès du Professeur Lester Porter qui
les attends dans son bureau surchauffé, après de brèves
salutations et une invitation à boire une boisson chaude, les
investigateurs entrent dans le vif du sujet et assaillent de question
l'ethnologue, celui-ci, après avoir refusé de révéler le montant
des fonds allouées à l'expédition d’Élias, leur explique qu'il
a demandé à O'Connor, une de ses anciennes connaissance lorsqu'il
était policier à Manhattan, de retrouver le journaliste car
celui-ci ne donnait plus de nouvelles depuis son retour à New York
et le professeur était inquiet car l'université avait, par le biais
du professeur, financée une partie du dernier voyage à l'étranger
d’Élias il y a un an. Cela concernait des recherches sur
l'expédition Carlyle, celle qui défrayât la chronique il y a cinq
ans, le professeur allait bientôt devoir rendre des comptes à ses
pairs, alors le temps pressait et il confia donc cette mission à un
professionnel discret comme O'Connor qui devait aussi s'assurer d'un
bon retour sur investissement pour l'université, le journaliste
devait écrire un livre sur le sujet à son retour et Porter
attendait le fruit de son travail. Mais il semblerait que la mort
tragique d’Élias ne remette en question les attentes de Porter qui
va devoir s'expliquer avec ses collègues de l'université. Sur ces
entrefaites, le professeur agacé reconduit les investigateurs en
prétextant une journée des plus chargée pour lui, néanmoins il
tient si possible a être tenu informé par O'Connor sur la suite des
événements.
Docteur
Mordecai Lemming
Sans
se faire prier les trois vaillants investigateurs quittent
l'imposante université et se réfugient dans leurs véhicules sans
que cela ne puisse les réchauffer pour autant, il font alors route
jusqu'au cabinet du docteur Mordecai Lemming, situé sur Madison
non loin de la 5ème Avenue, il ne leur faut qu'une poignée
de minute pour s'y rendre depuis l'université grâce aux larges
avenues bien dégagée de neige.
Ils
entrent dans une résidence cossue à l'intérieur décorée de
lambris et de moulures luxueux faits avec allure et rappelant un
style victorien non dénué de charme. Après avoir gravit un grand
escalier de marbre sculpté, ils arrivent devant le cabinet de
l'anthropologue où le nom du docteur est inscrit sur une petite
plaque polie en cuivre, un jeune secrétaire à l'air juvénile leur ouvre et
les fait entrer puis les conduits dans une salle d'attente
confortable pour les faire patienter quelques instants, puis ils sont
reçus par le docteur Lemming, un homme d'un certain âge en complet
trois pièces et nœud papillon, il dégage une odeur capiteuse d'eau
de Cologne et de cigare, le docteur lisse sa petite moustache et
demande que veulent donc ces deux messieurs et leur domestique. Passé
le léger froid de la méprise volontaire ou non du docteur,
Washburne lui signifie qu'ils viennent de la part du lieutenant Poole
et qu'ils sont là au sujet des meurtres rituels, le vieil
anthropologue dans un laïus pédant et ennuyeux confirme alors les
dires du lieutenant Poole sans apporter plus de précisions, il
n'accorde aucune allégation autour des superstitions locales qui
entourent cette affaire, il ajoute que les armes blanches trouvées
sur les lieux du crime correspondent à des armes traditionnelles
kényane, plus exactement aux tribus Masaï et appelé «Pranga», il
leur montre une de ces armes, Homer en profite pour l'inspecter de
plus près mais ne décèle aucune décoration ou symbole quelconque,
une simple arme ordinaire.
Washburne mentionne au cours de l'entretien le nom du professeur Anthony Cowles, le docteur Lemming lui indique qu'il a été à cette conférence, qu'il trouva fort intéressante d'ailleurs, et qu'il connaît bien le professeur Cowles de réputation et que s'ils désirent le rencontrer ils peuvent encore le trouver à l'hôtel Astor tout près d'ici où il est descendu pour quelques jours. Ne pouvant rien tirer de plus du vieux docteur, les investigateurs prennent congé et sont raccompagnés par le jeune secrétaire jusqu'à l'entrée.
Washburne mentionne au cours de l'entretien le nom du professeur Anthony Cowles, le docteur Lemming lui indique qu'il a été à cette conférence, qu'il trouva fort intéressante d'ailleurs, et qu'il connaît bien le professeur Cowles de réputation et que s'ils désirent le rencontrer ils peuvent encore le trouver à l'hôtel Astor tout près d'ici où il est descendu pour quelques jours. Ne pouvant rien tirer de plus du vieux docteur, les investigateurs prennent congé et sont raccompagnés par le jeune secrétaire jusqu'à l'entrée.
Dans
l'entrée de la résidence, Homer annonce à ses compagnons qu'il va
aller enquêter du côté d'Emmerson Import sur les quais de l'East
Side pendant que les deux détectives iront chez l'éditeur d’Élias.
Ils se séparent donc après avoir ajusté leurs manteaux et leurs
écharpes pour affronter de nouveau l'air glacial.
Prospero
Press
Ainsi,
Washburne et O'connor retournent dans le district de Chelsea et
remontent Lexington Avenue où se trouve les éditions Prospero
Press. Une secrétaire à la mine déconfite les introduits auprès
du directeur Jonah Kensington, ils trouvent un homme abattu et
déprimé, cachant sa tristesse derrière des petites lunettes rondes
et une barbe rehaussée de favoris grisonnants. Kensington se
présente comme étant un très bon ami d’Élias, il reconnaît
vaguement Washburne quand il se présente comme tel sans doute sous
le coup de l'émotion, pourtant il se montre coopératif quand les
deux détectives lui posent des questions. Il confirme qu’Élias
travaillait sur la rédaction d'un livre basé sur l'expédition
Carlyle, ce qui a nécessité ce si long voyage à l'étranger, de
plus il est d'accord avec la théorie policière selon laquelle Élias
aurait été tué par un culte secret, il trouve cela très
vraisemblable, Élias a toujours été attiré par les cultes
meurtriers et Kensington suppose qu'un vieil ennemi est parvenu à
bout de l'intrépide journaliste. Au sujet de l'expédition Carlyle
Kensington ajoute qu’Élias était persuadé que tous ses membres
n'étaient pas morts, Washburne et O'connor demandent alors des
précisions, Kensington lève un sourcil et sort d'un tiroir fermé à
clé la correspondance d’Élias.
Il leur donne une lettre qu’Élias lui adressé puis il leur tend une liasse de notes séparés par des trombones, il affirme que ce sont les dernières nouvelles qu'il a reçu de lui jusqu'au mois dernier – le 16 décembre 1924 – quand il a télégraphié de Londres. Son télégramme laissait transparaître une excitation intense, il était allé en Chine, en Afrique et à Londres où il avait découvert de nombreux renseignements.
Kensington ajoute qu’Élias affirmait avoir assisté à l'inimaginable et mentionnait une machination monstrueuse qui allait bouleverser la face de monde, rien que ça! Un sourire sans conviction passe sur son visage puis il reprend, il lui restait à trouver les dernières pièces du puzzle mais n'en dit pas plus terminant son télégramme en annonçant qu'il serait bientôt à New York. Kensington s'affaisse dans son fauteuil en cuir l'air maussade, Washburne et O'Connor se regardent incrédules avant de se plonger dans les nombreuses notes d’Élias tout en restant le plus près possible du du vieux poêle à bois pour se réchauffer..
Il leur donne une lettre qu’Élias lui adressé puis il leur tend une liasse de notes séparés par des trombones, il affirme que ce sont les dernières nouvelles qu'il a reçu de lui jusqu'au mois dernier – le 16 décembre 1924 – quand il a télégraphié de Londres. Son télégramme laissait transparaître une excitation intense, il était allé en Chine, en Afrique et à Londres où il avait découvert de nombreux renseignements.
Kensington ajoute qu’Élias affirmait avoir assisté à l'inimaginable et mentionnait une machination monstrueuse qui allait bouleverser la face de monde, rien que ça! Un sourire sans conviction passe sur son visage puis il reprend, il lui restait à trouver les dernières pièces du puzzle mais n'en dit pas plus terminant son télégramme en annonçant qu'il serait bientôt à New York. Kensington s'affaisse dans son fauteuil en cuir l'air maussade, Washburne et O'Connor se regardent incrédules avant de se plonger dans les nombreuses notes d’Élias tout en restant le plus près possible du du vieux poêle à bois pour se réchauffer..
Emmerson Import
Pendant
ce temps Homer remonte les quais de chargement situés à l'ouest de
la rivière Hudson sur la 47e Rue, la compagnie est domiciliée dans
un bâtiment long et étroit, un entrepôt où s'empilent des
marchandises et où tout un tas de dockers noirs s'affairent sous les
ordres de contremaîtres vociférants. Homer s'approche sans crainte
vers l'un d'eux, sous le regard ahuri de certains ouvriers lorgnant
ce nègre dans son costume de milord comme s'il venait d'une autre
planète.
Le
contremaître lève un sourcil inquisiteur lorsque Homer s'arrête à
sa hauteur, laconiquement le gros homme lui dit qu'il n'a pas de
travail pour lui et qu'il peut débarrasser le plancher puis feint de
l'ignorer, Homer sourit et précise qu'il s'agit là d'une méprisable
erreur car il vient pour tout autre chose, le contremaître le lorgne
d'un regard agacé tout en se massant le goitre lui tenant de cou,
mais avant qu'il ne dise quoi que ce soit Homer lui tend la carte de
visite de la compagnie avec le mystérieux nom écrit au dos, leurs
regards se croisent à nouveau et le gros contremaître sent que ce
nègre planté devant lui dans son beau costume n'est pas là pour
plaisanter. Du bout des lèvres d'abord l'homme – qui se présente
en tant que Arthur Emmerson – affirme que ce Silas N'Kwane est
un client d'un importateur de Mombasa dont les marchandises
transitent par sa compagnie ici à New York, que ce nègre à une
adresse ici à Harlem, Emmerson est prêt à la lui donner si il veut
bien le suivre dans son bureau à l'étage du bâtiment. En montant
jusqu'au bureau Emmerson dit qu'il se souvient d'un homme qui lui a
posé les même questions, Homer lui décrit Jackson Élias et
Emmerson acquiesce à cette description, il se rappelle que celui-ci
lui avait dit qu'il faisait le tour des importateurs pour trouver
ceux réalisant des échanges avec Mombasa. Une fois dans son bureau,
Emmerson sort un épais registre d'une armoire métallique, il
feuillette quelques pages puis tend le lourd livre ouvert à Homer,
celui-ci relève de nombreux échanges d'objets d'arts africains
entre un importateur de Mombasa effectivement, un certain Ahja Singh,
avec ce Silas N'Kwane qui possède un commerce dans Harlem nommé «la
boutique Ju-Ju», Homer note l'adresse et demande à Emmerson s'il
connaît cet endroit, le gros homme sourit, s'allume un clope et
répond que non, il rajoute pourtant qu'il s'agit sans doute d'un
«bazar à babioles nègres et je ne sais quelles autres saloperies
vaudou», voyant que sa plaisanterie n'est pas du goût d'Homer, il
ravale son sourire et jette son clope par terre nerveusement, puis
lui dit que ce Élias a pu se rendre là bas. Sur ces bonnes paroles
Homer rend le registre à Emmerson et prend congé en lui lançant
un regard de travers, lorsqu'il se trouve à nouveau sur le quai balayé
par le vent glacé, il ne relève pas les regards méfiants des
dockers. Homer regagne l'hôtel pour y attendre les autres.
Sur les traces D’Élias Jackson
De
leur côté, Washburne et O'Connor potassent les notes d’Élias
qu'ils leur semblent clairs mais dépourvues de conclusions, de lien
logique ou d'orientation bien définie, par contre l'écriture est
ferme et nette. Ils remarquent qu’Élias reste très allusif sur
son séjour au Kenya, une autre piste à explorer? Kensington leur
fait une nouvelle confidence, Élias lui a confié d'autres notes
quelques jours après son arrivée à New York, mais elles sont
tellement ahurissantes et morcelées que Kensington hésite avant de
leur montrer, il pense que leur nature particulière peut faire
douter de la santé mentale du journaliste comme son intégrité
d'auteur et Prospero Press a une réputation à défendre. Néanmoins,
Kensington sent qu'il peut leur faire confiance et leur tend des
feuilles pliées et brochées de façon à former un petit volume
in-quarto d'une quarantaine de pages. Ce qu'y lit Washburne et
O'Connor semble des plus édifiants, il est clair selon eux qu’Élias
n'avait plus toute sa tête et que son enquête l'avait profondément
marqué et altéré son jugement d'enquêteur.
Kensington les regarde d'un air triste et soupire, il explique qu'il a toujours pensé que les ouvrages d’Élias l'exposeraient à bien trop de dangers et qu'il n'avait pas la moindre chance de pouvoir convaincre son ami de moins s'impliquer émotionnellement dans ses recherches. Il autorise les deux détectives à garder ces notes, sous condition de leur discrétion concernant ces dernières notes, si cela peut les aider dans leur propre enquête, il leur offre même son aide en finançant certains de leurs frais jusqu'à hauteur de 1000$, en mémoire de feu son ami Jackson Élias. Avant leur départ il les invites aux obsèques du journaliste qui auront lieu le surlendemain, puis il les raccompagnent jusqu’à l'entrée de son bureau en leur souhaitant bonne chance.
Good Morning NY !!
Après
cette matinée bien remplie et riche en émotions, Washburne et
O'Connor se dirigent vers l'hôtel Manhattan Towers sur Broadway où
l'attend probablement Homer, Washburne promet au détective irlandais
un bon déjeuner bien mérité. C'est donc autour d'un copieux
déjeuner que les trois investigateurs se retrouvent et échangent
leurs découvertes de la matinée, beaucoup de pistes, beaucoup de
questions et d'interrogations qu'ils devront mettre au clair
rapidement, tout cela semble cacher quelque chose de beaucoup plus
grand, quelque chose aussi de beaucoup plus dangereux... Ils vont
devoir êtres plus prudent car beaucoup de travail de fond les
attendent encore à New York et encore quelques personnes à
interroger.
Durant
le repas O'Connor s'absente pour passer un coup de téléphone, il
revient quelques instants après en disant à ses deux compagnons
qu'il doit s'absenter quelques heures et qu'ils vont devoir se passer
de lui le reste de la journée, puis il avale d'un trait son café
qu'il avait allongé d'une rasade de whisky puis prend congé.
Dés
le début de l'après midi, Washburne et Homer comptent ne pas en
rester là et décident de se remettre rapidement au travail en
commençant par s'intéresser de plus près à la lettre envoyée par
cette miss Miriam Atwright, bibliothécaire à l'université de
Harvard à Cambridge dans le Massachusetts. Washburne, en compagnie
d'Homer regagne sa chambre, se saisit du téléphone et demande à
être mis en communication avec l'université de Harvard, quelques
instants après il est en conversation avec miss Atwright la
bibliothécaire qui répond volontiers à ses questions, tandis
qu'Homer écoute avec l'écouteur. Elle leur apprend qu’Élias
souhaitait consulter «Les Sectes d'Afrique», un ouvrage qui a
«mystérieusement» disparu, entendant par là qu'un beau jour il
s'est tout simplement volatilisé. Elle ajoute qu'elle s'en rappelle
car il régnait une odeur innommable dans la bibliothèque le jour où
ce livre sur les sectes a disparu. Miss Atwright est très peinée
d'apprendre la mort de Jackson Élias car elle éprouvait beaucoup
d'admiration pour cette homme, elle signifie à Washburne que si elle
peut être d'une quelconque utilité qu'il n'hésite pas à le lui
demander, il la remercie et raccroche. Avec ces nouvelles
informations, Washburne et Homer quittent leur hôtel pour aller
rendre une petite visite au professeur Cowles avant que celui-ci ne
quitte New York. Ils se mettent en route pour le majestueux hôtel
Astor sur Time Square tandis que de minces flocons commencent à
tomber sur la chaussée.
Hôtel Astor
Quand
ils arrivent enfin à l'hôtel Astor, après avoir affronté un
embouteillage monstre en descendant Broadway Avenue et échappé à
une glissade qui aurait pu se terminer en tragique carambolage, ils
s'engouffrent dans le hall luxueux de l'hôtel envahit par de
nombreux clients qui vont et viennent entre les garçons d'étage
affairés, ils se retrouvent au milieu d'une gigantesque fourmilière
grouillante de vie. Ils se taillent un chemin tant bien que mal
jusqu'à la réception où un maître d'hôtel impeccable et souriant
les accueille, ils lui demandent la chambre du professeur Anthony
Cowles, alors l'homme au sourire figé leur indique l'étage et le
numéro de la chambre, leur conseillant l'ascenseur pour s'y rendre
rapidement.
Enfin
arrivé à l'étage, ils retrouvent le calme feutré propre à ce
genre d'établissement habituellement, où la sérénité du riche
client est roi. Pourtant, au bout du large couloir capitonné de
façon ostentatoire, une voix de stentor parvient aux oreilles des
deux investigateurs, cela semble provenir du bout du couloir où des
grooms à l'air effrayé s'agitent en empilant des énormes malles
sur un solide portant chromé. Washburne et Homer passent la tête
par la porte à double battant grande ouverte et sont témoins d'une
grande agitation dans le grand salon de la suite, au milieu de
celle-ci s'agite un homme corpulent portant une large barbe rousse,
en bras de chemise et braillant en roulant les «r» sur les pauvres
garçons d'étage occupés à remplir des montagnes de valises. C'est
alors qu'une charmante jeune femme, à l'allure et la silhouette
gracieuse et portant de jolies boucles rousses, s'approchent d'eux et
leur demande en quoi pourrait-elle les aider. Quand Washburne annonce
leur intention de rencontrer le professeur Cowles, elle se présente
comme étant sa fille, Ewa Cowles, et excuse déjà l'attitude
quelque peu tonitruante de son père en désignant le gros homme
barbu à la voix caverneuse.
Professeur Anthony Cowles
Quelques
instants plus tard, ils se retrouvent au calme dans un petit salon en
compagnie du professeur Cowles et de sa fille qui leur sert le thé.
Le professeur Cowles a l'air d'une personne amicale et ouverte avec
des dehors excentriques et débonnaire, il explique aux deux
investigateurs, tout en essuyant ses lunettes embuées avec un
mouchoir en tissu, qu'il est professeur d'anthropologie originaire de
Sydney enseignant à l'université Miskatonic pour un semestre, il
est spécialisé dans l'étude des îles du Pacifique et affectionne
particulièrement les récits d’événements étranges. Quand
Washburne et Homer lui demande s'il connaît Jackson Élias, il répond
que non, du moins il ne l'a jamais rencontré, il a bien lu plusieurs
de ses livres, surtout ceux qui s'intéressent à la Polynésie, à
la Nouvelle-Zélande et au continent australien, ses domaines de
prédilection.
Le
professeur se laisse alors emporter par son enthousiasme et se lance
sur le sujet des Kooris – les aborigènes – en signifiant qu'ils
entretiennent
un rapport particulier à la terre et au temps, relayé au travers
d’une tradition orale remontant à plusieurs dizaines de milliers
d’années, mais avant d'aller plus loin il est interrompu par Homer
qui revient sur leur affaire et lui parle de l'assassinat d’Élias
dans les détails et qu'il semblerait qu'un culte de la mort africain
y serait impliqué, exécutant leur victime avec une lame
traditionnelle, un Pranga, puis il lui dessine maladroitement le
symbole inconnu de la chambre 410 sur une feuille de papiers. Le
professeur l'écoute attentivement, se saisit de la feuille et semble
réfléchir, mais il semblerait que cela ne lui dise rien, bien que
durant sa conférence, souligne t-il, il a parlé de meurtres rituels
autour d'un culte aborigène appelé le Culte de la Chauve-souris,
existant autrefois parmi les tribus aborigènes d'Australie dont le
dieu s'appelait le Père de Toutes les Chauves-Souris. Il semblerait
qu'à ce moment là de la discussion, le professeur Cowles reparte
dans de longues explications de sa conférence dont il paraît assez
fier, par politesse Washburne et Homer le laisse continuer en
sirotant leur thé.
Ce
culte, poursuit-il, était connu dans tout le continent, les victimes
sacrificielles à ce dieu étaient battues par des adorateurs armés
de gourdins hérissés de dents acérées de chauve-souris, celle-ci
étaient enduites d'une substance tirée d'un de ces chiroptère
enragé, le poison agissait rapidement et les victimes devenaient
folles avant de mourir. Il continue sa démonstration en mimant avec
de grands gestes son histoire. Les
chefs de ce cultes auraient eu la capacité de
se transformer en serpents à ailes de chauve-souris, ce qui leur
permettait d'enlever leurs victimes. Leur dieu, Le Père des
chauve-souris – ou Chauve-souris des Sables –, toujours selon la
légende, aurait affronté une autre entité, le Serpent Arc-en-Ciel,
déification aborigène de l'eau et protecteur de la vie précise
t-il. Cette entité aurait réussit à piéger la Chauve-Souris des
Sables et son clan dans des profondeurs aqueuses, voilà pour la
petite histoire se ravise t-il en s'affalant dans un fauteuil.
Aujourd'hui ce culte s'est éteint reprend-il après quelques
secondes de silence, du moins jusqu'à maintenant car ce qu'il y a de
plus étrange au sujet de cette histoire c'est que récemment une
expédition, dirigé par un certain Arthur MacWhirr de Port Hedland,
s'est rendue dans le désert australien et a découvert de mystérieux
blocs de pierre énormes, visiblement sculptés à des fins
architecturales,
et lors de l'expédition ayant amené à ces découvertes, plusieurs
attaques furent portées par des aborigènes contre l'équipe,
certaines
des victimes étaient mortes de centaines de petites piqûres, ce qui
évoque justement l'antique Culte de la Chauve-Souris.
Sur
ces dernières paroles Cowles fait un large sourire s'attendant
presque à être applaudi par son assistance, mais ne voyant aucune
réaction il toussote et conclu, pour revenir à l'affaire des
investigateurs, il avance l'hypothèse qu’Élias voulait peut être
assister à la conférence pour compléter son enquête? De par son
expérience il pense que certaines histoires comme celle qu'il vient
de leur raconter ont des similarités troublantes, par exemple il a
découvert des correspondances troublantes de ces contes avec
certaines légendes polynésiennes concernant une entité marine
Kutullu, nom traduit par «Celui-qui-va-venir», qu'il a relevé dans un livre répugnant intitulé «Les Écrits de Ponape», trouvé à l'université de Sydney il y a
quelques années.
Le
professeur Cowles aimerait sincèrement les aider dans leur enquête
mais le temps lui est compté car il doit repartir pour Arkham avant
ce soir mais il leur assure qu'il va se renseigner dés son arrivé à
l'université Miskatonic sur la signification de l'étrange symbole
qu'il lui ont montré et qu'il les contactes dés qu'il n sait plus.
Washburne laisse sa carte où il inscrit le nom de l'hôtel où il
sont descendus, Ewa les raccompagnent jusqu’à l'entrée et espère
que son père ne leur a pas fait perdre trop de temps, Washburne et
Homer saluent la jeune femme poliment et prennent congé.
Harlem Shake
Sur
le chemin du retour, dans l'habitacle confortable de l'automobile,
Washburne et Homer ruminent toutes les informations qu'ils ont
amassés jusqu'ici depuis le début de cette histoire mais rien n'y
fait, leurs cerveaux en ébullition ne leur apportent même pas un
peu de chaleur. Washburne rompt le silence et avance qu'il va être
temps d'éclaircir certains points de leur enquête en commençant,
dés que possible, par aller faire un tour aux archives de
l'université Columbia ou au journal Report-Pillar, ils pourront
ainsi mettre la main sur les articles concernant des détails sur
l'expédition Carlyle et par la même occasion ceux concernant cette
série de meurtres signés «Scariface».
Alors
qu'ils font route vers l'hôtel, Homer soumet l'idée à Washburne
d'aller faire un tour à l'adresse trouvé dans le registre
d'Emmerson, la boutique Ju-Ju de Silas N'Kawne, le détective
acquiesce et bifurque de sa route actuelle. Les beaux immeubles aux
façades éblouissantes et les rues larges et entretenues laissent la
place, au fur et à mesure de leur progression, à des édifices de
plus en plus décrépis, noircis et abîmés en s'enfonçant dans le cœur de Harlem, les rues deviennent plus cahoteuses et Washburne doit
slalomer dans la neige pour éviter des pauvres hères tirants de
maigres carrioles à bras ou un cheval famélique. La voiture rutilante de Washburne ne passe pas
inaperçu aux yeux des autochtones, il s'agit d'un des rares véhicule
à moteur qui traverse le district, avec un peu de chance se dit
Washburne, ils n'y verront seulement un blanc des beaux quartiers
venu s’encanailler dans Harlem et ne prêteront pas plus attention.
Washburne tourne dans une ruelle vide et se gare à l'abri des
regards à deux blocs de l'adresse de la boutique, il est bien sûr
prudent qu'il reste dans la voiture pendant que Homer ira fouiner de
son côté.
Homer
sort du véhicule et se dirige discrètement vers la rue, il relève
le col de son manteau et fourre profondément ses mains dans ses
poches en essayant de ne pas attirer les regards, Washburne le
regarde s'éloigner puis le perd des yeux quand il tourne dans la
rue. À ce moment précis le détective se sent vraiment seul.
Homer
remonte les deux blocs à une allure rapide tout en luttant contre le
vent glacial qui lui semble plus cinglant que tout à l'heure, pas un
chat dans les rues, il passe devant de petites échoppes crasseuses,
des bars et des restaurants miteux où s'agglutinent de rares clients
venus se réchauffer. Il arrive finalement au 1 Ransom Court, une
ruelle sale qui aboutit dans une petite arrière-cour, il remarque
que seul la boutique donne sur cette courette, l'unique autre porte
correspond à une autre échoppe qui semble abandonnée, la petite
cour est encadrée de clapiers déprimants aux multiples fenêtres
délabrées. Homer s'engouffre dans l'arrière-cour et se dirige d'un
pas décidé vers la boutique, enjambant les congères de neige
boueuses, toujours aucune âme qui vive autour de lui, seuls des
corbeaux hirsutes croassent en se dandinant sur un fil de linge gelé
au dessus de sa tête. Il s'arrête quelques secondes devant la
vitrine, de lourds rideaux noirs occultent l'intérieur de la
boutique, néanmoins il aperçoit quelques œuvres d'art africain
exposés sur la devanture, sans sourciller Homer s'approche de la
porte vitrée et entre sur un tintement de clochette.
L'endroit
est sale et poussiéreux, encombré d'un bric-à-brac tribal
africain : des masques grimaçants, tambours, armes, animaux
empaillés, sculptures sur bois, ivoires etc... l'intérieur oppresse
très vite Homer, il est presque surpris par la présence de trois
autres clients qui l'observent de façon étrange, parmi eux une
jeune femme, une noire aux traits fins et aux yeux clairs qui le
dévisage avec insistance. Derrière un comptoir en bois se trouve un
vieil homme noir en costume élimé, rachitique, courbé et
grisonnant, il porte des lunettes dont les verres épais agrandissent ses yeux de façon grotesque. Il sourit largement quand
Homer se plante devant lui, aussitôt le vieil homme, qui se présente
comme étant Silas N'Kawne, s'enquière de ce que recherche Homer
dans son humble boutique. L'investigateur regarde autour de lui comme
un client à la recherche d'une quelconque objet de valeur pour lui
et dit au vieux commerçant qu'il est à la recherche d'une œuvre
d'art qu'il aimerait offrir à sa pauvre mère, le vieux Silas lui
fait la remarque qu'il ne semble pas être du coin en lorgnant ses
beaux habits, mais Homer trouve les mots justes pour endormir la
curiosité du vieil homme et celui-ci finit par lui montrer quelques
pièces de sa collection sans plus prêter attention à Homer. La
jeune femme semble continuer à l'épier au travers des étagères de
la boutique, quand Homer remarque son manège et que leurs regards se
croisent, l'air gênée elle remet son châle en laine sur sa tête
et sort aussitôt de la boutique. L'attention d'Homer est recentrée
sur le vieux Silas souriant qui lui montre une petite statue
biscornue en bois, il sent qu'il se trouve dans une situation où il
n'apprendra rien de plus. Il repart de la boutique, non sans avoir
acheté sans réellement comprendre pourquoi, une affreuse statuette
de fertilité Kikuyu à 50$.
il
accélère son pas dans le froid intenses et rejoins dans la voiture
un Washburne complètement frigorifié. Le détective au nez rougi
par le froid s'enquière aussitôt des nouvelles que lui rapporte
Homer, mais celui-ci n'a pas grand chose à lui dire à part de lui
décrire l'intérieur de la boutique, il lui pose sur les genoux la
statuette emballée de papier kraft en lui jetant un regard
sceptique. Ils décident alors de surveiller la boutique jusqu'à sa
fermeture puis de suivre Silas N'Kwane pour voir ce qu'il va faire.
Vers 17 heures il ferme sa boutique et se rend dans une ou deux
échoppes, puis dans un bar d'habitués du quartier appelé «La
Grosse Mabel» où il passe deux bonnes heures à jouer aux dominos
tout en discutant, plus tard dans la soirée, alors qu'il fait nuit
noire, ils le suivent le plus discrètement possible jusqu'à chez
lui, il entre dans un clapier crasseux pas très engageant qui
ressemble à un vrai coupe-gorge.
Washburne
et Homer décide d'abandonner alors la filature, gelés qu'ils sont
par la température qui a fait une chute prodigieuse, ils retournent
à leur hôtel en se disant que la nuit porte conseil.
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